Dans un village irlandais, un prêtre reçoit une confession inhabituelle : un homme lui donne rendez-vous le dimanche suivant au bord de la mer pour le tuer.
Troisième participant de "Gagne un DVD", trachsel m'a conseillé de visionner Calvary et je le remercie pour ce choix. Je n'avais jamais entendu parler de ce film sorti en 2014 et c'est assez curieux, étant un grand amoureux des paysages et ambiances d'Irlande et un immense adorateur de Bons baisers de Bruges de Martin McDonagh. Calvary, réalisé par le frère de ce dernier et porté par Brendan Gleeson (brillant acteur également présent au casting de In Bruges), est un film plutôt réussi sur la foi et le deuil.
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Commençons par les points positifs, car ils sont nombreux. Tout d'abord, il est clair que Calvary est traversé de moments absolument sublimes et je pense avoir compté cinq ou six scènes qui m'ont réellement touché. La musique est à mon goût l'atout principal du film ; elle m'a emporté dès les premières minutes lors de l'apparition du titre du film, puis à intervalles réguliers durant 1h40 (notamment en présence du personnage de Kelly Reilly). Qui plus est, le film démarre directement, sans fioritures, dans le coeur de l'intrigue.
Ainsi, Calvary est touché par de vrais instants de grâce et j'ai apprécié l'atmosphère dégagée lors de séquences pourtant toutes simples. L'introduction du mardi (image ci-dessus) est un joli moment, une envolée poétique offrant une ambiance toute particulière. Si on ajoute à ça les paysages somptueux de l'Irlande, merveilleusement mis en valeur tout au long de l'intrigue (plage, falaises, etc), on obtient parfois un savoureux cocktail d'images et de sons.
Visuellement, le film est superbe notamment en terme de couleurs et de cadres, j'ai particulièrement apprécié voir les personnages évoluer dans ces décors tous aussi apaisants que pittoresques. Il y a un vrai soin apporté à l'ambiance et c'est, par moments, un plaisir à suivre. Globalement, j'ai beaucoup aimé la relation père-fille décrite dans le film ; il faut dire que Brendan Gleeson est un sacré comédien et il est impossible de ne pas croire en son personnage. Comme annoncé dans le titre du film, James vit effectivement un véritable calvaire puisque tous les habitants semblent s'opposer à lui en permanence. J'ai ainsi beaucoup aimé la tension qui grandit chaque minute vers une explosion inévitable du personnage principal.
Malheureusement - et c'est en cela que le film est loin d'être parfait - j'ai trouvé que Calvary n'allait pas assez loin dans son propos. Hormis Brendan Gleeson et, dans une moindre mesure, Kelly Reilly, j'ai trouvé le casting proche de la catastrophe. Je ne suis pas certain, d'ailleurs, qu'il faille imputer la faute aux comédiens. Mais il y a un gros problème quelque part : soit dans la direction d'acteurs, soit dans l'écriture des personnages (soit les deux). A part ce prêtre parfaitement interprété, je n'ai cru en aucun autre personnage. Tous semblent complètement faux et j'ai ressenti énormément d'artificialité dans les dialogues. Chaque personnage est détestable à sa manière mais l'ensemble ne tient pas debout. J'ai trouvé les dialogues très mal écrits, ils sont la plupart du temps récités sagement par les acteurs et tout ceci crée quelque chose de très lourd à l'écran. Il y a, à mon goût, un manque de rythme évident et j'ai fini par me lasser plusieurs fois. De plus, certains personnages sont caricaturaux à l'extrême et ça m'a beaucoup gêné, comme en témoigne cet homme homosexuel qui passe son temps à parler de son cul comme s'il n'y avait que ça dans sa vie. C'était grotesque. Aidan Gillen, qu'on connait principalement pour son rôle de Petyr Baelish dans Game of Thrones, offre à mon avis la pire performance du film, même si Orla O'Rourke est proche de lui voler cette place.
Bref, j'ai trouvé le film très désincarné et il manque clairement quelque chose pour le rendre palpitant ou haletant, ne serait-ce qu'un réel enjeu ! Car il faut bien le dire, lorsque le générique de fin est apparu, je me suis demandé pourquoi le film était finalement aussi abscons dans son propos. Certes, l'atmosphère est électrique et parfois prenante, mais je pense n'avoir pas tellement compris pourquoi tous les habitants de ce village en voulaient tant à ce prêtre. La scène de l'incendie, par exemple, est incompréhensible pour moi. Pourquoi diable jubilent-ils tous face à ce drame ? Est-ce juste l'allégorie de la chute de la foi dans la population en général ? Ou alors, une sincère critique du monde religieux face aux prêtres pédophiles ? Tout ceci est assez confus.
Je suppose que l'objectif principal du film était de nous faire réfléchir sur l'identité du mystérieux homme menaçant. Seulement, j'ai trouvé que ce petit jeu tombe à l'eau très rapidement puisque James indique à plusieurs reprises qu'il sait déjà qui l'a menacé de le tuer. Il n'y a donc pas vraiment d'enquête, et lorsque la "révélation" est faite au spectateur, on s'en fout un peu.
J'ai beaucoup aimé Calvary, notamment les scènes musicales et la scène finale, assez touchante. Je remercie donc trachsel de me l'avoir fait découvrir. Le film m'a marqué positivement et je sais par avance qu'à la fin de l'année, lorsque je ferai mon "top scènes 2022", quelques passages du film y figureront. Il m'a néanmoins manqué quelque chose pour l'apprécier pleinement et c'est dommage, car je sens que si le film s'était concentré sur moins de thèmes (le lien entre la foi et la mort ou tout simplement la relation père-fille), Calvary aurait pu être plus limpide et plus percutant.
Mais cette scène d'apparition du titre, quand même... quelle merveille ! Elle restera gravée un moment.