Je remercie Alex pour cette avant-dernière participation. Sur le papier, il faut admettre que proposer un film iconique d'Hitchcock était une stratégie assez solide. Parfois, cependant, les évidences mènent à des déceptions et je suis navré de dire que je n'ai pas été vraiment séduit par La main au collet.
Tags Critique analyse explication du film
Je ne suis pas un immense connaisseur du cinéma d'Hitchcock et, même si j'ai toujours plutôt apprécié ses films, il lui manque à mon goût plusieurs qualités pour pouvoir me toucher pleinement. Je sais que, d'un point de vue strictement cinématographique, sa technique est impeccable et ses plans sont travaillés au millimètre. Malheureusement, et c'est pour moi un peu problématique, j'ai beaucoup de mal à m'attacher à ses personnages et à les trouver consistants. A part pour Psychose, film avec lequel j'ai découvert Hitchcock pour la première fois il y a maintenant plus de 11 ans, j'ai toujours eu cette sensation d'artificialité dans l'écriture des personnages. J'éprouve des difficultés, par exemple, à croire en leur existence ou à leur sensibilité. Le pire de tout, c'est qu'à chaque fois que je visionne une œuvre de ce cinéaste, je me sens comme obligé de l'apprécier et ça me bloque d'autant plus.
Cette fois-ci, je vais exprimer réellement ce que j'ai pensé de La main au collet en dépit des louanges qu'il reçoit par ailleurs par la critique en général. Étant assez peu sensible au jeu de Cary Grant que j'ai tendance à trouver insipide - c'est aussi la raison pour laquelle je repousse mon visionnage de La mort aux trousses depuis plusieurs années, j'ai senti dès les premières minutes que j'allais trouver le temps long. Pour commencer, la mise en place de la situation m'a semblé assez maladroite notamment au niveau du montage, avec cette succession de plans courts et entrecoupés de fondus enchaînés. Globalement, je trouve que le film manque cruellement de rythme. Je n'ai ressenti aucune tension, aucun suspense alors que le personnage principal est censé être pris en chasse par la police. Parfois même, j'en oubliais l'histoire principale, tant La main au collet se concentre davantage sur la romance superficielle entre les deux protagonistes. Romance qui n'est justifiée que par un étonnant baiser qui m'a laissé perplexe.
Ce célèbre baiser de cinéma, je le connaissais depuis longtemps mais je n'en avais pas le contexte. Je croyais naïvement qu'il était le fruit d'une histoire d'amour légendaire et, lorsque la scène est arrivée sans prévenir, je me demande si ma mâchoire ne s'est pas décrochée. Face à un scénario si laborieux et à l'absence d'enjeu dans cette intrigue (elle-même pas aidée par un Cary Grant fadasse), j'ai tout de même gardé espoir jusqu'à l'arrivée de Grace Kelly. J'ai cru qu'elle permettrait au film de démarrer, qu'elle servirait la narration en rajoutant un peu de piment. Mais non, sa première scène avec Cary Grant (ou presque) est un baiser qui sort de nulle part. Pendant tout le reste du film, l'actrice semble n'être qu'un faire-valoir et son personnage n'a clairement aucun intérêt dans l'intrigue. Alors, oui, bien sûr, Grace Kelly est un atout charme indiscutable, elle est classe, élégante, voluptueuse. Mais elle n'est rien de plus, malheureusement, car je n'ai jamais cru un seul instant à cette pseudo-histoire d'amour qui peine à convaincre.
Ah si, pardon, je ne vais quand même pas être si tranché. Je dois bien avouer qu'il y a une scène qui m'a beaucoup plu : celle où elle conduit à toute vitesse à travers les montagnes et les villages, d'un air léger. Cette séquence m'a apporté un grand sourire, mais ce fut le seul pendant 1h45. Globalement, d'ailleurs, l'humour n'a quasiment jamais fonctionné chez moi, la faute à Cary Grant dont le flegme m'a profondément dérangé. Il ne semble pas réellement avoir peur dans cette voiture, il ne semble pas réellement stressé quand les autorités sont à ses trousses, il ne semble pas réellement épris de Frances lorsqu'il la regarde. Peut-être ai-je simplement un problème avec cet acteur, admettons.
Pour ne pas paraître complètement négatif, je dois saluer néanmoins un travail de la lumière époustouflant, certaines prises de vue sont presque magiques avec ce charme désuet du fond vert (ou plutôt, de l'incrustation des paysages). Puisqu'on parle de vert, je dois bien admettre que j'ai rarement vu cette couleur aussi bien mise en valeur que dans le cinéma d'Hitchcock, et La main au collet ne fait pas exception. La fameuse scène du feu d'artifice, dont je n'avais jamais vu une seule image avant de la découvrir dans le film, est sublime. Que ce soit au niveau de la gestion des ombres et de la lumière, ou de celle des couleurs, toute la séquence est parfaite. J'ai eu des étoiles plein les yeux, tant l'atmosphère de cette scène est succulente. Le vert est somptueux, les ombres sur les personnages sont magnifiques et le feu d'artifice comme décor de cette scène ajoute un charme fou.
Malheureusement, et c'est tout le problème du film à mon goût : cette scène est vide d'émotion et ne sert pas à grand-chose dans le déroulement de l'intrigue. Ceci conclura d'ailleurs mon article : je trouve que La main au collet ne présente aucun intérêt scénaristique. Je ne comprends pas en quoi la résolution de cette enquête est particulièrement ingénieuse ou stupéfiante. La révélation finale m'a clairement laissé de marbre, je pense avoir soufflé un léger : "Ah ? D'accord." Quant à l'histoire d'amour, je ne la comprends pas et je comprends encore moins la fascination éventuelle du cinéphile pour ce duo Grant-Kelly. Je n'y ai pas cru et ça m'a beaucoup ennuyé. C'est dommage.
Bref, désolé Alex, car cette proposition était a priori très forte et, moi-même, je pensais que le concours était couru d'avance lorsque j'ai vu ta participation. Malheureusement, je n'ai pas été touché par ce film et, parmi les 8 films d'Hitchcock que j'ai vus jusqu'à présent, j'ai celui que j'ai le moins apprécié. Ce n'est que partie remise ! Je te remercie quand même beaucoup pour m'avoir encouragé à le découvrir, ça me permet de continuer à me faire un avis de plus en plus précis sur ce réalisateur virtuose.