Empire of Light - Marathon (2/4) - Critique

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Précédemment...

The Fabelmans - Marathon (partie 1/4)

 

       A 14h20, remis très rapidement de ma séance de The Fabelmans, c'est après un burger et des frites que je retourne au cinéma pour découvrir Empire of Light de Sam Mendes. Etant plutôt friand de son cinéma, depuis American Beauty, Les noces rebelles, Away we go et, plus particulièrement, 1917 il y a quelques années, j'y allais avec une certaine confiance. Résultat, je pense que Empire of Light est de loin son plus mauvais film. Pour l'unique fois de cette journée, j'ai bien failli m'endormir entre mes multiples soupirs d'exaspération. 

Tags Critique analyse explication du film

Empire of Light - Marathon (2/4) - Critique

     Empire of Light est un retour en 1980, dans un petit cinéma du sud de l'Angleterre. Les premières images sont magnifiques en terme de photographie et de lumières, puisqu'on voit, en quelques plans, l'accueil du cinéma prendre vie doucement lors de son ouverture, avec de jolis éclairages. Avec sa moquette "Shining" et sa symétrie impeccable, ce lieu est une merveille. Les lumières orangées et tamisées lui donnent un charme exceptionnel. Le début du film m'a donc plongé dans une sorte de cocon très agréable duquel, malheureusement, je suis ressorti très vite. 

 

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      Durant la première heure, on apprend rapidement qu'Hilary, le personnage principal joué par Olivia Colman, est soumise à son patron en lui administrant quelques faveurs sexuelles, plaçant alors directement Empire of Light dans la lignée des films post-"MeToo". Ce thème - assez prévisible depuis quelques années - aurait pu être intéressant à traiter si Sam Mendes n'avait pas décidé d'en traiter 4 ou 5 autres en même temps, de manière totalement incompréhensible. 

 

      C'est à mon goût le défaut majeur de Empire of Light qui se perd dans des sous-intrigues qui semblent sortir d'un chapeau et décrédibilisent l'ensemble du propos. Ce film qui veut si ouvertement prendre la défense des femmes à travers une relation patron-employée complètement clichée, met paradoxalement les hommes au centre de tout son univers. Si on regarde bien Empire of Light, l'homme y est omniprésent pour symboliser l'amour (Micheal Ward), le pouvoir (Colin Firth), l'humour (Tom Brooke), ou encore la sagesse (Toby Jones). Dans ce film, l'homme s'accapare tous les rôles et les seules femmes présentes à l'écran ont un comportement fou ou toxique. 

 

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     C'est pourtant un travers qui est régulièrement critiqué par les féministes : la mauvaise représentation de la femme dans les arts et notamment au cinéma. Avec un peu de recul, quelle place est laissée aux femmes dans Empire of Light ? Je veux bien admettre qu'Olivia Colman ait du talent (même si personnellement, je ne comprends pas du tout pourquoi tout le monde semble lui vouer un culte ces dernières années). Malheureusement, l'actrice incarne une femme mentalement instable, dont le passé médical est troublant voire dangereux, et j'ai du mal à saisir l'intérêt de lui donner ces caractéristiques dans ce récit. Hilary semble bipolaire, parfois hystérique, et je ne vois pas du tout ce que cet aspect apporte au film, sinon appuyer sur la faiblesse et la vulnérabilité mentale de cette femme. 

 

     La plupart des scènes lors desquelles Olivia Colman pète les plombs sont parfois d'un ridicule prononcé, comme ce passage où Hilary monte sur scène de manière imprévisible devant une foule abasourdie. Le spectateur, lui, peinera à lever un sourcil devant cette séquence convenue, inefficace, avec un arrière-goût de déjà-vu. Quant à la scène suivante, lors de laquelle Hilary fait son coup d'éclat pour révéler à la femme de son patron son infidélité, bon sang... Que c'est mauvais ! Cette volonté de brusquer le spectateur ne fonctionne absolument pas, tant la situation est forcée, bien trop écrite, et déjà vue 50 fois. Je passerai sur l'interprétation de Colman qui, même si elle semble vantée par tout le monde, m'a gêné pour son côté artificiel et exagéré.

 

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      En plus de traiter du thème de l'instabilité mentale et, paradoxalement, de la condition de la femme dans les années 80, Empire of Light s'égare dans des sous-intrigues aussi lourdes que grotesques, puisque Sam Mendes a décidé de parler également de romance, de différence d'âge et de racisme, rien que ça ! La rencontre amoureuse entre Hilary et Stephen m'a semblée totalement peu crédible car le courant ne passe pas du tout entre les deux acteurs. Les deux personnages ont beau être rassemblés par leur amour des pigeons, ça n'en fait pas pour autant une histoire d'amour vraisemblable... L'intégralité de cette romance paraît forcée à chaque instant, de la visite de l'étage abandonné au premier baiser, comme si les scènes avaient été écrites pour servir un propos, sans se soucier des personnalités des personnages, aux dépends d'une quelconque cohérence. 

 

     Quant au thème du racisme, mon dieu... Quelle lourdeur phénoménale. Le jeune employé noir, grand, droit, gentil et imperturbable, se fait maltraiter dans la rue par de vilains skin-heads (sous les yeux d'Hilary qui, bien évidemment, le suit discrètement à travers la ville), c'est d'un cliché sans nom. Je n'ai même pas envie de parler de la séquence de l'agression dans le cinéma tant elle me semble lunaire et complètement débile. Tout dans ce film m'a fait penser à Sam Mendes criant au spectateur : "Bouuuh le racisme c'est nul !", "Bouuuuh le patron dégoûtant qui force son employée à lui faire une fellation !!". C'est niais, balourd, assez insupportable. A la fin du film, on a même droit à la classique scène du couple qui se sépare et prend des chemins différents dans une atmosphère mélodramatique poussée à son maximum. Le film est un festival d'idées attendues, dans ses scènes et ses propos. J'ai soufflé à de très nombreuses reprises devant le vide et l'absence de subtilité qui se présentaient devant mes yeux. La plupart du temps, je devinais à l'avance ce qui allait se produire la minute suivante, c'est particulièrement irritant. 

 

   Je terminerai l'article, néanmoins, par le seul aspect positif du film : sa lumière et sa photographie. Quelques scènes sont visuellement magnifiques et mettent des étoiles dans les yeux. Il est simplement dommage que tout ce travail de photographie soit là pour servir un scénario confus et parfois idiot.

 

Suite :

The Son - Marathon (partie 3/4)

The Whale - Marathon (partie 4/4)

 

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