Twisters - de Lee Isaac Chung - Critique

      J'ai longtemps hésité avant de me déplacer pour le voir, et je suis agréablement surpris. D'ailleurs, cet article sera assez dithyrambique. Twisters est un bon blockbuster un peu à l'ancienne, mais de très bonne facture. Contrairement à ce qu'on aurait pu croire, le film propose quelque chose de différent de son prédécesseur, tout en gardant la nostalgie des films des années 90. Le casting est excellent, l'action omniprésente, je dois même admettre avoir peu de points négatifs à lui attribuer. Je ne peux que vous le conseiller, car j'en suis ressorti soufflé.

      L'atout principal de Twisters, étonnamment, ne réside pas dans ses effets visuels ni dans son rythme, mais dans la qualité de ses personnages. L'introduction nous en envoie plein le visage dès les premières minutes et, si la construction est assez classique pour créer un passé au personnage principal, elle est très efficace. Difficile de ne pas s'attacher rapidement à Kate, jeune femme passionnée par les tornades et les orages depuis sa tendre enfance. Kate fait équipe avec une bande de scientifiques désireux de récolter des données sur les tornades de l'Oklahoma et va vite se retrouver confrontée à une autre équipe de chasseurs menée par Tyler, le "Chevaucheur de tornades". Si le début du film donne l'impression qu'une rivalité d'amour-haine va se créer entre les deux personnages, il n'en est finalement rien. J'ai absolument adoré être surpris par le lien qui naît entre Kate et Tyler, loin des clichés qu'on aurait pu attendre pour ce genre de film catastrophe. 

      Le personnage de Kate est délicat et traversé de peurs qui ne sont jamais vraiment explicitées oralement, mais qui se ressentent dans son attitude. L'actrice n'est nulle autre que Daisy Edgar-Jones, qui m'avait totalement déconcerté dans Normal People et qui fait partie des comédiennes que je tiens à suivre dans les années à venir. La voir jouer ce rôle a été un ravissement de tous les instants, elle tient quasiment tout le film sur ses épaules. "Quasiment", car il faut également attribuer des mérites à Glen Powell. Cet acteur, que je n'avais jamais vu, ravage tout sur son passage. Chacune de ses apparitions est un immense plaisir, de la première à la dernière scène. Son introduction est l'une des plus efficaces que j'ai pu voir depuis longtemps, on ressent immédiatement que ce mec est particulier et qu'il va déchirer l'écran à chaque moment. Qui plus est, son personnage de cowboy timbré et passionné est diablement charmant. Le gars n'hésite pas à entrer presque sans réfléchir au cœur des tornades en faisant vrombir son pick-up, pour y faire exploser des feux d'artifice, et il faut dire que c'est une trouvaille fabuleuse sur grand écran.

      Il est génial que Tyler ne soit pas, contrairement aux apparences, un simple type arrogant et débile qui ne sait que faire le fou pour impressionner. Son personnage réserve de belles surprises, je n'en dis pas plus. Il est également génial (ça m'a marqué) que son personnage laisse énormément de place à Kate, notamment à un moment très crucial que je ne révèlerai pas. Ce fut encore une très agréable surprise dans l'écriture du film. L'alchimie entre Daisy Edgar-Jones et Glen Powell fait son effet durant deux heures, jusqu'à un dénouement pudique bienvenu. Le reste du casting, lui aussi, tient parfaitement la route et permet à toute cette troupe de faire vivre les événements qui leur tombent dessus.

     Quant aux tornades, là encore, il n'y a pas lieu d'être déçu car Twisters est extrêmement généreux. Après l'introduction explosive et immersive, j'ai eu très peur que le film se mette à devenir ronflant et interminable en attendant le climax final, mais ce n'est pas du tout le cas. L'action est permanente, il y a très peu de temps de répit. Les deux heures passent à une vitesse folle en enchaînant les tornades en veux-tu en voilà. Tout y passe : la F5, la tornade qui détruit tout un village, mais aussi des éoliennes qui chutent à deux pas des voitures lancées à toute vitesse. On a droit aussi à des tornades jumelles, et même une tornade enflammée, c'est du pur spectacle et je ne m'attendais pas à en prendre autant dans la vue. Point négatif (et ce sera le seul de cet article) : on finit par trouver le principe un peu redondant voire exagéré, car Twisters donne l'impression que les personnages tombent sur une tornade tous les jours et qu'ils n'ont que quelques minutes de route à faire quotidiennement pour aller se servir en images et en sensations fortes... M'enfin, c'est un film catastrophe (mais pas que !), et c'est ce qu'on demande.

      Quant à la mise en scène, il faut saluer les couleurs et les tons magnifiques, tout comme les effets visuels vraiment impressionnants sur grand écran. On y croit, car le film se concentre davantage sur les personnages que sur les tornades en elles-mêmes. On a donc un bel effet d'immersion, comme si nous faisions partie de cette équipée sauvage. En ceci, on ne peut donc pas dire que Twisters soit un film catastrophe à proprement parler, car la majorité des plans sont filmés à hauteur d'homme ou de femme. Quelques plans larges offrent des vues saisissantes sur les éléments, certes, mais toujours dans un souci de les mettre en perspective avec nos chers personnages. Spielberg est producteur exécutif de Twisters et ça se ressent ; il y a beaucoup de Jurassic Park dans ce film.  Et je parle bien du Jurassic Park de 1993. Les chasseurs de tornade passant tout leur temps dans des voitures, on a en effet de nombreux plans en contre-plongée depuis les divers véhicules, les tornades venant ici remplacer les dinosaures. Et puis, côté réalisation, Lee Isaac Chung nous offre quelques trouvailles efficaces bien qu'un peu évidentes, en faisant parfois tourner sa caméra autour des personnages comme s'ils se trouvaient au centre d'une tornade.

      Bref, j'ai adoré Twisters et je n'avais pas envie de bouder mon plaisir pour cette critique. On a ici un film d'action d'excellente qualité, qui ne tombe pas dans les pièges qui auraient pu nous faire lever les yeux au ciel. Les personnages sont palpitants et même si le scénario est un peu maigre, on s'en contente très bien.