La réplique du dimanche #20 - "I just thought there would be more" - Boyhood

La réplique du dimanche #20 - "I just thought there would be more" - Boyhood

       J'avais envie de reparler d'une scène de Boyhood, ce film de Richard Linklater que je n'ai vu qu'une fois mais qui est instantanément entré dans mon top 50 et n'a jamais quitté mon esprit depuis maintenant 4 ans... Ce projet du cinéaste part d'un concept assez fou : celui de tourner un film sur 12 ans (de 2001 à 2013), puis de monter toutes ces images en une fresque familiale de pratiquement 3 heures, parfois douce, parfois dure et poignante. Boyhood est un film sur la vie, sur le fait de grandir et devenir adulte, mais également sur la parenté : les joies et les peines qu'implique l'éducation d'un enfant. Si vous souhaitez lire ma critique complète du film, vous pouvez suivre ce lien.

 

       Dans cet article, je vais me concentrer sur l'une des scènes les plus marquantes du film en terme d'interprétation : celle lors de laquelle Olivia, la mère de Mason, réalise que son fils quitte la maison pour de bon. Devant elle s'offre alors une vision terrible : la solitude et l'abandon vers une mort inéluctable. Repassons la scène ci-dessous pour admirer le talent de Patricia Arquette lorsqu'elle délivre ses répliques :

 

I just thought there would be more...

       Dans ce monologue, Olivia exprime sa détresse et sa peur de vieillir, mais aussi l'angoisse de réaliser à quel point le temps est passé vite. Cette réplique, "I just thought there would be more" / "Je pensais qu'il y aurait plus que ça" est affreusement triste et nous renvoie à nos propres appréhensions sur la vie qui file et qu'on craint de ne pas pouvoir vivre à fond. Olivia se rend compte que son fils est sur le point de quitter le cocon familial, ce qui met fin aux plus belles années de sa vie : celles d'une vie partagée en compagnie de son enfant. Ce "Je pensais qu'il y aurait plus que ça" est déchirant, poignant, à en pleurer. Moi-même étant père depuis quelques années, j'ai conscience de profiter de ce temps sans me rendre compte à quel point il passe vite, sans tenter de calculer les années qu'il me reste avant que le bonheur de vivre en compagnie de mes filles soit brisé par le cycle de la vie.

 

      Cette réplique est géniale car elle vient parfaitement saisir le concept du film de Richard Linklater qui, en compactant 12 ans de tournage dans un film de 2h45, crée précisément cet effet du temps qui passe trop vite, des années qui défilent à toute vitesse, de la vie qui semble ne jamais pouvoir s'arrêter ni ralentir. Lorsque Patricia Arquette déclame ce monologue avec tout le talent qu'on lui connait, le spectateur est également saisi de la même interrogation : Merde, on en est déjà là ? Putain, le film est passé vite. Bon sang... je pensais qu'il y aurait plus que ça... La scène capte merveilleusement toute l'essence de Boyhood, et c'est l'une des raisons pour lesquelles ce chef d'oeuvre ne quittera probablement jamais mon top 50 : le propos est servi par une mise en scène et un montage d'une efficacité diabolique. Un film malin qui reste en tête des semaines durant.

 

 

Retour à l'accueil
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article