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Dancer in the Dark - de Lars von Trier - Critique

Dancer in the Dark - de Lars von Trier - Critique

     Selma a une maladie qui la rend progressivement aveugle. Elle tente de réunir l'argent nécessaire pour que son fils, atteint de la même pathologie, puisse se faire opérer. Ça faisait bien longtemps qu'un film ne m'avait pas autant surpris par ses idées. Dancer in the Dark mélange les genres : tantôt drame social cru et froid, tantôt comédie musicale colorée et enjouée, le film est une pépite. 

 

Dancer in the Dark - de Lars von Trier - Critique

     Dancer in the Dark n'est que mon 5e film de Lars von Trier, mais mon amour pour son cinéma remonte à plus de 15 ans, lorsque j'ai découvert (sous le choc) Antichrist sur grand écran. Puis, bien sûr, il y a eu la claque Melancholia en 2011, dont je me suis à peine remis aujourd'hui. 

     Encore une fois, l'auteur signe ici un film sombre et pessimiste. Sauf que cette fois, la mise en scène froide et quasi documentaire – héritée du mouvement Dogme95 que Lars von Trier a fondé avec Thomas Vinterberg – est contrebalancée par des séquences de comédie musicale qui contrastent avec le reste. L'idée est aussi amusante que surprenante : Selma (Björk) s'évade de sa vie infernale par l'intermédiaire de ces rêveries étranges et ça donne au film un ton très original.

 

Dancer in the Dark - de Lars von Trier - Critique

      La chanson Scatterhead accompagne l'une des meilleures scènes du film, lorsque Selma doit fuir les lieux. J'aime tout particulièrement la version du film, avec la voix de l'enfant qui chante "You just did what you had to do" – à écouter ici (attention spoiler). La comédie musicale apporte beaucoup de couleur et de vie à Dancer in the Dark, qui aurait pu simplement se contenter d'être un film noir et déprimant, mais se transforme en objet étrange où le spectateur passe par toutes les émotions. Il fait partie de ces rares films capables de nous désarçonner par ses atmosphères changeantes, j'ai été subjugué par la quantité d'idées déployées pour faire de Selma un personnage profondément tragique.

 

Dancer in the Dark - de Lars von Trier - Critique

     Musicalement parlant, d'ailleurs, Dancer in the Dark est passionnant car la bande-son est souvent organisée autour de bruits diégétiques, cf la scène à l'usine, où le rythme de la chanson Cvalda est formé à partir de sons métalliques : perceuses, objets qui s'entrechoquent... Je citerai également la scène des 107 pas, où Björk chante au rythme des pas dans les couloirs et d'une voix qui compte. J'adore cette manière d'introduire la musique dans un film, comme ce fut le cas dans un récent visionnage (Zatoichi de Takeshi Kitano). Ça fait toujours son petit effet.

 

      Pour ne rien gâcher, les acteurs livrent des performances magistrales, d'autant que nombre d'entre eux font partie de mes petits chouchous... Quel plaisir, en effet, de voir Catherine Deneuve donner la réplique à Björk ! Comme toujours, la comédienne française est géniale d'un bout à l'autre, bien qu'elle n'interprète qu'un personnage secondaire de l'intrigue. De même, la présence de David Morse est un atout colossal (sa douceur de jeu est un bijou), tout comme Peter Stormare dans un rôle ambigu et relativement amusant. Et puis Björk, évidemment, est exceptionnelle en mère fragile et désespérée.

 

Dancer in the Dark - de Lars von Trier - Critique

     Bref, Dancer in the Dark est un film qui va me marquer. Le cinéma de Lars von Trier est unique et ne laisse pas indifférent. Dommage que le cinéaste soit aussi dérangeant dans la vie réelle : si on peut largement excuser ses fautes d'humour et ses provocations publiques diverses, il est difficile de pardonner son comportement sur le plateau du film. En effet, n'oublions pas que Björk l'a accusé de violences sur le tournage de Dancer in the Dark, ce qui vient entacher la réputation du film.

 

 

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