Quelques films en vrac #11

Quelques films en vrac #11

       Dans cette petite sélection de visionnages récents, je parlerai d'une comédie française sympatoche, d'un Drake Doremus trop prévisible, d'un film écossais complètement timbré et schizophrène (James McAvoy, je t'aime) et d'un drame poignant mais un peu forcé.

 

      Le grand bain (Gilles Lellouche - 2018)

Quelques films en vrac #11

      Film français acclamé par les spectateurs et encensé par la presse, j'ai découvert Le grand bain sur le tard, il y a quelques mois seulement. Je ne parviendrai pas à lui trouver d'autre qualificatif que "sympatoche". On a affaire à une charmante petite comédie pleine de gentillesse avec un casting de haute volée et un postulat de base plutôt original, mais peut-on vraiment aller plus loin ? Chaque acteur est parfait dans son rôle mais, à part Guillaume Canet étonnamment sur la réserve, ils sont tous exactement là où on les attend. Depuis octobre, j'ai presque complètement oublié le film et il ne restera dans mon esprit qu'un film honnête mais peu mémorable. Comme les acteurs, le film fait ce qu'on attend de lui et peine donc à surprendre réellement. Pour autant, Le grand bain donne le sourire et fait passer un agréable moment. Sympatoche.

 

      Newness (Drake Doremus - 2017)

Quelques films en vrac #11

      Bon, quand il s'agit de Drake Doremus, je m'embrouille totalement. Sa façon unique de raconter des histoires d'amour me fascine et me frustre en même temps. Je ne sais jamais sur quel pied danser avec ce cinéaste, et ça commence à m'agacer. Like Crazy m'a bouleversé il y a 10 ans et j'ai une terrible peur de le revoir. Breathe In m'a laissé de marbre, je n'ai pas compris la démarche ni le propos et j'ai trouvé le film idiot voire ridicule. Plus récemment, Equals m'a subjugué et emporté dans sa poésie futuriste. C'est donc avec tristesse mais sans surprise que je suis ressorti déçu de ce Newness. Les qualités visuelles sont indéniables, le style Doremus est impeccable et reconnaissable entre tous, avec ses filtres bleutés et ses gros plans qui accentuent chaque émotion amoureuse. Cependant, Newness ne présente aucun intérêt d'un point de vue scénaristique, et ça pose problème pour un film de presque 2 heures. La première demie-heure, pourtant, est sublime. J'ai pris plaisir à suivre l'histoire qui nous est contée : celle de deux inconnus qui, sur la base d'un match Tinder-like (l'application s'appelle Winx dans le film), tombent amoureux alors qu'ils étaient partis pour un plan cul.

 

      Malheureusement, c'est après ces 30 minutes que le film démarre vraiment, mais c'est également là qu'il se finit. Newness aurait pu être parfait s'il n'avait pas choisi la facilité à ce moment. Je pense sincèrement qu'à ce moment du récit, les deux personnages auraient dû continuer de discuter dans le bar en enchaînant des bières, en partageant leurs expériences pitoyables et leur vision de l'amour. Une discussion qui aurait duré toute la nuit, montrant la naissance d'un amour inattendu, jusqu'à un clap de fin assez ouvert. Là, réellement, Drake Doremus aurait pu jouer sur la magie de la découverte amoureuse et le film aurait été passionnant (fort heureusement, cet idéal cinématographique a déjà été réalisé en 1995 avec Before Sunrise).

 

      Au lieu de ça, Newness passe 1h30 à épiloguer sur des histoires de relation libre, de jalousie, de nostalgie amoureuse, et j'ai trouvé ça inintéressant. Les deux personnages ne sont malheureusement que des pâles copies des personnages des films précédents, Nicholas Hoult étant franchement fade (ça passait dans Equals puisque les personnages sont censés être vidés de leurs sentiments, mais ici c'est compliqué) et Laia Costa n'étant qu'une sorte de double de Felicity Jones. Bref, Doremus semble avoir fait le tour de son sujet et répète inlassablement ses tics de réalisation et de personnages. Il est temps de se réinventer plutôt que de tenter vainement de refaire Like Crazy encore et encore. Si le film avait réellement traité le sujet des réseaux sociaux et de l'ère du numérique, pourquoi pas... Mais le film passe totalement à côté de son ambition de départ. Décevant.

 

      Ordure ! (Filth !) (Jon S. Baird - 2013)

Quelques films en vrac #11

       Je dis oui, oui et re-oui ! Le talent de James McAvoy n'est plus à prouver depuis Split, mais si on regarde bien dans sa filmographie, on remarque que l'acteur brillait déjà il y a 10 ou 15 ans. Ce mec est dingue et apporte un agréable grain de folie dans le monde du cinéma. Ordure ! est un film très difficile à définir car il oscille constamment entre la comédie absurde, la comédie grasse, et le drame pur et dur. A l'image de son personnage principal complètement déjanté et timbré (McAvoy dans toute sa splendeur, tout son art), on assiste à un grand n'importe quoi schizophrénique qui file à 200 à l'heure.

 

      Outre cet accent écossais magnifique, j'ai adoré Filth ! pour la simple et bonne raison qu'il m'a surpris à chaque instant. Une seconde, je ris aux éclats. La suivante, je pleure de compassion pour le personnage. Celle d'après, je sursaute brutalement sur mon canapé. Et ça ne s'arrête jamais. Un cocktail explosif qui mène inévitablement à l'explosion de l'acteur et de son personnage dans un pur délire cohérent et émouvant. Ce film est indescriptible et je vous le conseille, car il propose quelque chose de nouveau dans l'univers de la comédie. Entre les séquences parfois hilarantes, Jon S. Baird insère brillamment des passages d'une tristesse extrême, nous laissant entrevoir toute la détresse du personnage principal qui, clairement, ne vrille pas sans raison. Et puis, il faut dire que le cinéaste a capté à merveille le potentiel démentiel de James McAvoy qui, en l'espace de quelques minutes, passe d'un rire frénétique à une rage incontrôlable, d'un regard aliéné à des yeux emplis de larmes. Je ne parle même pas de la conclusion du film qui m'a laissé avec un énorme éclat de rire.

 

      Bref, même si le film détient un beau casting (Imogen Poots, trop rare au cinéma, donne la réplique dans l'une des scènes les plus réussies du film), c'est bien James McAvoy qui l'incarne d'un bout à l'autre et, sans lui, il aurait été sans doute impossible que Ordure ! voie le jour. Quel acteur, bon sang !

 

      Gueule d'ange (Vanessa Filho - 2018)

Quelques films en vrac #11

      Même si de nombreux spectateurs (essentiellement français) persistent à croire le contraire, Marion Cotillard est une immense actrice. Point. Elle le prouve à nouveau dans Gueule d'ange, un drame complètement hallucinant qui raconte l'histoire d'une petite fille délaissée par une mère alcoolique et irresponsable. Plus le film avance et plus il va loin dans la destruction de l'enfant, allant jusqu'à nous montrer à de nombreuses reprises la petite fille boire de l'alcool et se déhancher sur la piste de danse pour imiter sa maman. Le film est bouleversant, choquant et la jeune Ayline Aksoy-Etaix est fabuleuse dans le rôle de cette pauvre gosse en quête désespérée d'un exemple, d'une figure paternelle, mais également d'une vraie figure maternelle. Marion Cotillard déchire tout et j'ai cru à son personnage du début à la fin. Elle est incroyablement possédée et livre une interprétation glaçante.

  

      Il est dommage, cependant, que le film soit souvent trop poussif, insistant parfois très lourdement sur la descente aux enfers de la gamine, en nous montrant trop en détails à quel point elle est à mille lieues de ce que doit être une enfant de 11 ans. Il y a un manque de subtilité flagrant dans cette volonté de vouloir faire du misérabilisme à chaque instant. C'est ce qui empêche Gueule d'ange d'être un chef d'oeuvre subversif. Et puis, pour finir, le personnage d'Alban Lenoir aurait pu être intéressant si son évolution n'était pas aussi évidente. Dès l'instant qu'il mentionne sa condition physique, on sait avec exactitude de quelle manière le film va se terminer, avec de gros sabots, et c'est crétin.

 

      Bref, Gueule d'ange est bourré de qualités mais ses quelques défauts l'entâchent profondément. On est passés pas loin d'une oeuvre marquante. C'est dommage, car l'interprétation de Marion Cotillard va me marquer pour longtemps.

 

 

 

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