Christopher Nolan - Top 10

     J'ai une humeur à tops en ce moment. Comme j'ai enfin vu le dernier Oppenheimer de Christopher Nolan, je souhaitais revenir sur quelques uns de ses films dans un top 10 très subjectif (évidemment) mais, vous le verrez, très attendu également... En effet, ne vous attendez pas à un grand choc, même si la 6e place pourrait donner naissance à des mouvements de révolte parmi les lecteurs ou lectrices éventuelles.

     J'aime Nolan depuis le début. Longtemps fasciné par ses premiers films, j'ai commencé à réellement m'intéresser à ses méthodes à partir d'Inception, dont la technique est hallucinante de maîtrise, puis je suis tombé amoureux (comme beaucoup) d'Interstellar qui fera sans doute toujours partie de mon top 20 de tous les temps. Depuis, le réalisateur ne cesse d'enchaîner les cartons, jusqu'à ses deux derniers films qui m'ont laissé un peu sur le carreau. 

     Nolan a son style bien à part, avec des thématiques fortes et une manière de travailler très atypique. En s'interdisant au maximum l'utilisation des effets visuels, il apporte à ses films un caractère authentique et réel, parfois trop réel pour certains. Je me souviendrai toujours du jour où j'ai appris que la bibliothèque à la fin d'Interstellar avait été créée en dur, sans utilisation de CGI ou autres effets numériques. Le réalisateur regorge d'idées folles, et son inventivité dépasse la simple technique des images. En effet, Christopher Nolan est également réputé pour des scénarios sous forme de labyrinthes et l'efficacité de la plupart de ses films dépend majoritairement de leur montage. Nolan, c'est du cinéma-puzzle, ludique, un apparent bordel organisé au millimètre. Certains ont tendance à le critiquer pour des films trop froids, sans émotions... et je ne suis pas vraiment d'accord avec ce constat. En fait, lorsque je suis parcouru de frissons devant les intenses moments de poésie de Memento, que je suis déchiré par le cri de DiCaprio dans Inception lors de la scène de l'immeuble, puis lorsque je déverse toutes mes larmes devant Interstellar, je ne peux pas être d'accord. 

     La musique est également un élément central de ses films, tantôt poétique et atmosphérique à ses débuts avec le compositeur David Julyan (Memento me hante régulièrement grâce à cette musique), puis plus grandiloquente et intense lorsqu'il s'est mis à travailler avec Hans Zimmer ou Ludwig Göransson pour illustrer ses blockbusters. Nolan aime que les musiques aient un sens, comme cette fabuleuse idée de reprendre une version ralentie de Je ne regrette rien d'Edith Piaf pour Inception, de se servir du cliquetis de sa montre à gousset pour Dunkerque, cliquetis qu'on retrouve dans Interstellar pour appuyer sur le temps qui passe (sur la planète Miller, dans la composition Mountains, un "tic" correspond à un jour passé sur Terre). Par ailleurs, j'ai toujours été fasciné par cette idée de demander à Hans Zimmer de composer pour Interstellar sans même connaître le script du film, presque à l'aveuglette. Même Tenet, que je ne porte pas dans mon coeur, possède sa petite anecdote musicale puisque Nolan a enregistré sa propre respiration dans un micro pour que Göransson en fasse le thème principal de l'antagoniste. 

     Et puis, surtout, la marque de fabrique de Nolan est la distorsion du temps. Que ce soit à travers ses montages dans lesquels le réalisateur s'amuse à mélanger les timelines, ou encore dans les thématiques de ses films (la relativité générale ou la mélancolie du temps qui passe dans Interstellar, le traitement de la mémoire dans Memento, le temps qui ralentit dans les couches de rêves d'Inception, le temps retourné et symétrisé dans Tenet, le récit haletant et contre-la-montre, en temps réel, dans Dunkerque, la narration qui s'amuse à nous perdre dans Le prestige) ; le temps est partout chez Nolan, comme une obsession.

    Vous vous demandez peut-être pourquoi je n'ai pas encore mentionné la trilogie sur Batman et la raison est simple : je ne m'y suis jamais réellement intéressé. J'ai vu The Dark Knight, comme tout le monde, mais suis passé complètement à côté des deux autres volets. Ainsi, vous êtes prévenus : Batman Begins et The Dark Knight Rises n'apparaitront pas dans ce top. Pas pour le moment...

    C'est donc parti pour mon top 10 des films de Christopher Nolan.

10 - Tenet

     Je suis navré pour tous les amoureux de ce film. Je l'ai vu lors de sa sortie et je n'ai pas réussi à entrer dans cet univers un seul instant. En outre, je pense avoir été vexé de ne pas avoir compris la trame de ce film, je suppose qu'il mériterait un second visionnage de ma part mais je n'arrive pas à m'y résoudre car je me suis ennuyé comme jamais. Je ne supporte pas John David Washington, plat et sans saveur, et son rôle représente tout ce que je déteste dans un personnage. Le film n'a aucune âme et je l'ai oublié aussi vite que je l'ai vu. Incompréhension totale, c'est le seul de la filmographie de Nolan que je déteste.

9 - Following

     Le cinéma de Nolan à ses balbutiements. Following (Le suiveur) est un petit film noir de 1h10, premier long-métrage du cinéaste en 1998. On y retrouve les prémices du cinéma de Nolan avec notamment un montage qui bouleverse l'ordre chronologique de l'intrigue. Un avant-goût de Memento assez fascinant. Fait amusant également, on y rencontre un cambrioleur dénommé Cobb, nom que donnera également le cinéaste au personnage principal d'Inception 12 ans plus tard. Evidemment, Following reste mineur dans cette filmographie impressionnante.

8 - Insomnia

      Excellent thriller qui a pour mérite de présenter Robin Williams à contre-emploi dans un rôle de méchant. L'ambiance hivernale de cette intrigue policière est somptueuse, et Nolan prouve avec ce film qu'il est capable de proposer un scénario de manière plus classique, sans ses gimmicks habituels. Je n'en garde pas non plus un souvenir impérissable, ce qui explique sa position en bas du classement.

7 - Oppenheimer

      A l'aide d'une ambiance sonore presque sismique (en salle de cinéma, le son est impressionnant et fait tout trembler), d'une photographie majestueuse et de plusieurs idées visuelles explosives, Nolan nous sert un biopic tantôt passionnant, tantôt classique et bien trop long. Un excellent film, que je ne prendrai cependant pas grand plaisir à revoir sur 3 heures. L'article. 

6 - The Dark Knight

     Je sais, oui, vous n'êtes pas d'accord. J'ai beau adorer ce film, sa construction démentielle, et surtout la prestation légendaire d'Heath Ledger, The Dark Knight ne me vient pas spécialement en tête lorsque j'évoque mes grands moments avec l'univers de Christopher Nolan. Ma fascination pour ce Joker n'a d'égale que mon absence d'implication pour un Christian Bale fadasse... Le film est excitant scénaristiquement, mais Batman est terne d'un bout à l'autre. Probablement l'un des héros les moins intéressants du cinéma de super-héros.

5 - Dunkerque

      Le film le plus court de Christopher Nolan est également l'un des plus percutants. Grâce à une narration en temps réel et des prises de vue à couper le souffle, le réalisateur nous offre une aventure épique à hauteur d'homme. J'avais presque l'impression de sentir du sable dans mes poings serrés.

4 - Memento

     Du scénario complètement dingue au montage brillant, fait pour nous embrouiller l'esprit mais surtout pour nous plonger de manière maline dans la peau de son personnage principal, Memento est un labyrinthe psychologique qu'il est plaisant de voir plusieurs fois. Le dénouement très surprenant est un summum d'ingéniosité, porté par des acteurs peu présents au cinéma mais intenses. On y retrouve notamment les excellents Carrie-Anne Moss et Joe Pantoliano (tous deux ayant joué dans Matrix), ainsi que Guy Pearce qui fait le film du début à la fin. La musique est une merveille, elle apporte au film une âme, une dimension atmosphérique inoubliable. Un chef d'œuvre. 

3 - Inception

      Film labyrinthe, passionnant, vibrant, ludique. Rares sont les blockbusters à triturer autant notre cerveau. Les gens en débattent encore sur les forums plus d'une décennie plus tard. Inception est un grand film, qui ne manque pas d'émotion comme on peut le lire trop souvent. Un futur film culte, s'il ne l'est pas déjà.

2 - Le prestige

      Le prestige est l'un de mes petits chouchous de Christopher Nolan. Tout est malin et bien amené, malgré l'abondance de mystères, de twists et d'explications, Le prestige est un tour de passe-passe grandeur nature et Nolan s'amuse à nous tromper pour mieux nous surprendre. Une prouesse scénaristique qui résiste au temps.

1 - Interstellar

      Est-ce si étonnant ? Interstellar est une claque intergalactique. Une claque scénaristique, musicale, émotionnelle, tout y est. Interstellar est parfait, je peux le voir encore et encore, les 2h45 passent à une vitesse tellement folle qu'on a presque l'impression d'avoir fait nous-mêmes un bond dans le temps lorsque le générique final apparaît. Tout est sublime. Je ne vais pas répéter tout ce que j'en ai déjà dit dans l'article consacré.

     Voilà tout pour l'univers de Christopher Nolan, en espérant qu'il pourra revenir au top niveau avec son prochain projet très original et intrigant : une adaptation de la série Le prisonnier... !

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