Parmi les réalisateurs qui ont marqué le cinéma, Tim Burton fait partie de ceux dont l'univers n'a jamais vraiment évolué et c'est probablement ce qui a causé sa chute dans le cœur des cinéphiles. Tout le monde s'accorde à dire que l'univers du cinéaste est rempli de magie, de folie et d'extravagance, mais rares sont ceux qui ne déplorent pas un essoufflement de son cinéma au fil des années. En effet, il semble exister un "avant" et un "après" dans la filmographie de Tim Burton, avec une rupture qui se situe aux alentours de Charlie et la Chocolaterie, Sweeney Todd ou Alice au pays des merveilles selon les avis. En tout cas, ça fait plus de 15 ans que le réalisateur peine à convaincre, notamment parce qu'il n'a pas su s'adapter aux techniques du numérique alors que sa force résidait originellement dans ses effets en carton-pâte.
Personnellement, j'ai cessé de trouver Tim Burton fascinant après avoir découvert Alice au pays des merveilles en 2009. A part un sursaut en 2012 avec son remake de Frankenweenie, je n'ai apprécié aucun des films qui ont suivi cette hideuse adaptation du conte de Lewis Carroll. J'ai tellement perdu foi en son cinéma que je ne me suis même pas déplacé pour découvrir Dumbo en 2019, et les retours négatifs ne m'ont toujours pas encouragé à faire cet effort.
Malgré tout, Tim Burton reste dans mon cœur. S'il avait su renouveler son univers pour nous surprendre, plutôt que de rester enfermé dans cette obsession de réaliser les mêmes films qu'il y a 30 ans, il figurerait probablement dans le top 5 de mes réalisateurs préférés pour avoir fait briller mes yeux maintes et maintes fois. Je considère toujours que sa période 1990-2005 fut une explosion d'idées aussi riches que folles, avec des signatures visuelles géniales. Et puis, il y avait une époque où Burton savait nous émouvoir et nous marquer par sa magie, avant de ne devenir que l'ombre de lui-même avec des propositions sans aucune âme. C'est donc dommage, mais il laisse tout de même de grandes pépites, voire des chefs d'œuvre absolus derrière lui.
Malgré ce désamour qui dure depuis bientôt 15 ans, il me reste un petit espoir avec Beetlejuice Beetlejuice, qui titille ma curiosité et que j'ai hâte de voir sortir en salles. En attendant, voici mon top 20 de ses films, qui ne se démarquera pas pour son originalité...
1 - Edward aux mains d'argent (1990)
Rien de très surprenant. Edward Scissorhands ne pouvait pas prendre une autre place, c'est incontestablement le chef d'œuvre de Burton, que ce soit dans son originalité (un conte qui explique d'où vient la neige à Noël, c'est merveilleux) comme dans son univers étoffé et déjanté, mais aussi l'émotion pure qui se dégage de cette relation amoureuse exceptionnelle. Burton nous livre ici à la fois une curieuse romance qui fonctionne à merveille grâce à l'alchimie entre Winona Ryder (magnifique) et Johnny Depp (dans son meilleur rôle), un drame somptueux grâce à cette conclusion, mais aussi une fable poignante sur l'acceptation des différences et le fait de ne pas se fier aux apparences. Edward aux mains d'argent est parfait.
2 - Sleepy Hollow (1999)
Bien évidemment, le podium sera marqué par les inoubliables collaborations Depp / Burton. Sleepy Hollow est le premier film de Tim Burton que j'ai vu, vers 15 ans. Je l'ai découvert au cinéma lors d'une projection dans le cadre d'un cours de français en Seconde, et je n'oublierai jamais cette séance. Sleepy Hollow est sombre et glauque, mais drôle et palpitant. Ce grand arbre tordu, marque de fabrique du cinéaste, est à la fois le terrier sanglant d'un cavalier vampirique, et la clé de tous les mystères et illusions qui entourent ce village délicieusement fantomatique. La brume nous enveloppe et l'ensemble est d'une maîtrise totale.
3 - Ed Wood (1994)
Véritable déclaration d'amour au cinéma où Johnny Depp habite totalement son personnage : Ed Wood est terriblement attachant grâce aux mimiques de l'acteur. Il est émouvant de voir ce personnage échouer constamment là où il pense avoir réussi, tout en exprimant à chaque minute sa passion pour le cinéma, sa volonté ultime de réaliser quelque chose de grand et d'inoubliable même lorsque c'est profondément mauvais. Sans oublier Martin Landau qui se surpasse pour interpréter un Bela Lugosi magnifique. Un grand cru de Tim Burton.
4 - Charlie et la chocolaterie (2005)
Ce film étonnamment mal-aimé fait partie de mes préférés. Charlie et la chocolaterie contient toute la folie et l'extravagance de Burton, qui parvient à s'approprier cet univers pour le faire coller au sien. L'aspect musical a pu en dérouter certains, mais c'est aussi la force du film qui reste en tête grâce aux chansons délirantes des Oompa Loompas. Johnny Depp est, encore, brillant d'un bout à l'autre, apportant à Willy Wonka la part de mystère nécessaire pour le rendre quasiment inquiétant. Bref, c'est toujours un immense plaisir de revoir ce film.
5 - Mars Attacks! (1996)
Mars Attacks! est une pure comédie qui assume à 100% son côté ultra-parodique. Le film est hilarant et contient des scènes qui figurent parmi mes plus grands moments de rire au cinéma. On oublie rapidement quelques passages ennuyeux devant tant de délires savoureux.
6 - Big Fish (2003)
Savoureux, magique, Tim Burton fait travailler notre imaginaire et nous invite à rêver de magie pour échapper à la banalité de la réalité. Big Fish est une magnifique histoire, dont le conteur enjolive la vie pour adoucir la mort. Un très beau film qui reste parmi les meilleurs du cinéaste.
7 - Frankenweenie (2012)
Comment ne pas tomber sous le charme de cette jolie relation entre un enfant et son chien ? Les défauts du court-métrage (à mon goût !) ont été corrigés dans ce film, que je trouve donc supérieur à l'original. Allonger la durée du film fut clairement bénéfique, Tim Burton est ici libre de prendre tout son temps pour nous présenter les personnages qui deviendront attachants assez rapidement. Les références en tous genres affluent dans le film, de Frankenstein à Godzilla, en passant par Dracula et j'en passe, avec en prime de multiples clins d'œil à ses précédentes œuvres (Edward aux mains d'argent, entre autres) au service d'une histoire dans la parfaite lignée du cinéma de Burton : sombre, décalée, triste et humaine. Le film pose une ambiance de conte poétique agréable et permet au spectateur de s'émouvoir jusqu'à la fin. Difficile de ne pas s'attacher à Sparky et à ses couinements.
8 - Vincent (1982)
Quand Tim Burton savait, en 6 minutes seulement, imposer son univers poétique et débordant d'imagination. Fabuleux court-métrage.
9 - Sweeney Todd (2007)
Je fais partie de ceux qui adorent Sweeney Todd. Que ce soit la folie d'Helena Bonham Carter, le côté perfide de Johnny Depp ou encore cette façon très osée de faire de ces personnages des cannibales, Sweeney Todd est marquant et réussit, lui aussi, à briller dans la comédie musicale. Un film qui ne laisse pas indifférent, et probablement le dernier bon film original de son auteur.
10 - Beetlejuice (1988) & Beetlejuice Beetlejuice (2024)
Difficile de départager ces deux opus. Bien que je trouve Beetlejuice (1998) globalement assez surcoté (j'ai l'impression que le film est adulé principalement parce qu'il est le premier film de Burton, comme Reservoir Dogs pour Tarantino), je me devais de le faire figurer dans le top 10. Beetlejuice concentre en effet tout l'art de Tim Burton à travers son stop-motion et ses effets spéciaux bricolés à la main. Sa suite, quant à elle, fut un pur ravissement à découvrir sur grand écran.
11 - Batman, le défi (1992)
12 - Batman (1989)
Même si j'adore Nicholson en tant que Joker dans le premier film, j'ai toujours eu un faible pour De Vito en Pingouin et Pfeiffer en Catwoman. Batman, le défi est peut-être l'un de mes Batman préférés dans toute son histoire au cinéma, juste devant Batman du même Burton.
13 - Les noces funèbres (2005)
On reste dans le haut du panier avec Les noces funèbres, qui sera le dernier excellent film de cette liste. Le film atterrit si bas notamment parce que j'en ai gardé peu de souvenirs et que j'ai eu une impression de redite (même imagerie que L'étrange Noël de Mr Jack, Vincent, etc). Cependant, l'ensemble est de très bonne facture avec quelques moments d'émotion qui touchent au bon moment.
14 - Dark Shadows (2012)
C'est en découvrant Dark Shadows au cinéma que j'ai su que Burton me lâchait. Sans être une totale catastrophe, plusieurs choses ne fonctionnent pas dans ce film, notamment le personnage d'Eva Green ou même de Johnny Depp, qui commence à lasser dans le rôle titre. Ici donc, Burton tente maladroitement d'allier ses lubies d'antan et ses envies de modernité qui ne font pas bon ménage, malgré quelques fulgurances.
15 - Frankenweenie (1984)
Comme je le disais, je suis assez minoritaire mais j'ai largement préféré le remake animé. Dans le court-métrage, l'intrigue passe tellement vite que la relation entre Victor et Sparky a à peine le temps de se développer, si bien que le dénouement ne fonctionne pas très bien à mon goût. Heureusement, le film regorge de qualités, que ce soit la mise en scène burtonienne comme la référence à Frankenstein, ou encore la grande panoplie d'acteurs qui ont marqué les années 80 (Shelley Duvall, Daniel Stern, Oliver Barret et même la jeune Sofia Coppola).
16 - Miss Peregrine et les Enfants Particuliers (2016)
Assez catastrophique, Miss Peregrine manque d'enjeux et enchaîne les incohérences en permanence. Si on ajoute à ça des héros qui manquent de charisme (malgré une Eva Green qui donne tout ce qu'elle peut), on obtient un Tim Burton bien faiblard qui provoque l'ennui. Ça fait presque de la peine à voir.
17 - Big Eyes (2014)
Big Eyes est totalement fade malgré un sujet de base passionnant. Pour une fois, Burton tente une approche différente avec un univers bien ancré dans le réel, mais on sent le réalisateur très peu investi dans ce biopic ultra académique.
18 - Pee Wee Big Adventure
J'ai rarement vu un personnage et un film aussi épuisants. Pee Wee, c'est se farcir un type qui papillonne et en fait des caisses pendant 1h30. Il y a un côté rigolo au départ, mais qui se transforme vite en gros mal de crâne.
19 - La planète des singes (2001)
Peut-être le seul film du cinéaste qui ne ressemble en rien à du Burton, La planète des singes est globalement sans intérêt. Même si l'aspect des singes est très réussi (et bien plus que les immondes singes numériques de la nouvelle franchise), l'ensemble est fade et très impersonnel.
20 - Alice au pays des merveilles (2009)
Faut-il vraiment justifier cette 20e place ? Le film est une plantade à tous les niveaux, tellement gênant que j'ai résisté à cacher mon visage entre mes mains devant tant d'effets ridicules. Les effets numériques sont dégueulasses (vraiment), les personnages sont tous foireux de A à Z (Alice en tête, avec une Mia Wasikowska d'une horrible fadeur), et les situations sont catastrophiques (la danse de Johnny Depp à la fin reste pour moi l'une des scènes les plus traumatisantes de ma vie en terme de malaise). Même le scénario est aux fraises. Bref, je ne m'épancherai pas davantage sur le pire film de Burton.
Voilà donc pour ce classement écrit un peu à la va-vite (car il n'est pas très folichon en terme d'originalité). Quel est votre film préféré de Burton ? Lequel détestez-vous le plus ? A partir de quand pensez-vous que son cinéma se soit mis à déconner ? N'hésitez pas à commenter pour partager votre avis sur ce (tout de même) très grand réalisateur.