Licorice Pizza - de Paul Thomas Anderson : surcoté ?

Licorice Pizza - de Paul Thomas Anderson : surcoté ?

     Est-ce moi qui ai de la merde dans les yeux et dans le cerveau ? Je n'en sais rien, mais il va falloir m'expliquer pourquoi ce film a été encensé presque unanimement par la presse et les cinéphiles. Licorice Pizza, c'est l'histoire de Gary (15 ans) et Alana (25 ans) dans les années 70 à Los Angeles. Pendant plus de deux heures, le spectateur va alors les voir se tourner autour et tomber amoureux. Voilà.

 

     Ma relation avec le cinéma de PTA

 

     Je ne peux pas dire que le synopsis m'enchantait à la base car, connaissant vaguement Paul Thomas Anderson et son style, j'imaginais déjà à l'avance à quoi le film allait ressembler, et je ne me suis clairement pas planté puisque je n'ai jamais été surpris. Non pas que je déteste le réalisateur, d'autant que je n'ai pas vu l'ensemble de sa filmographie et que je considère que Magnolia est un chef d'oeuvre ultime, mais j'ai quand même cette sensation étrange d'être en décalage avec la communauté cinéphile à son sujet. Je crois que je ne comprends pas la fascination générale et excessive qui existe autour de ce cinéaste et, plus je vois ses films, plus cela me convainc qu'il est l'un des auteurs les plus surestimés de ce siècle. J'ai vaguement apprécié Hard Eight, j'ai globalement passé un bon moment devant The Master. J'ai détesté Inherent Vice tant je l'ai trouvé chiant, vide et confus.

 

      Le problème, c'est que je n'ai quasiment aucun souvenir de ces 4 films réunis. En tout et pour tout (si je me force, et sans exagérer), je me souviens de 3 scènes... dont 2 dans Magnolia. Autant dire que les films du réalisateur ne me marquent pas vraiment. J'en ressors parfois avec le sourire, certes, mais je n'en garde jamais rien, sinon des fulgurances de casting. Magnolia offrait à Tom Cruise un immense rôle, The Master valait surtout pour la dualité Joaquin Phoenix / Philip Seymour Hoffman et Inherent Vice a tout misé sur le cabotinage de Matthew McConaughey. Malheureusement, c'est tout ce qu'il me reste de ces films : des performances et rien d'autre, car je suis bien obligé de constater que je n'ai gardé en mémoire aucun de ces scénarios, aucune de ces intrigues.

 

      Vous vous doutez bien que je suis donc allé voir Licorice Pizza à reculons, avec cependant l'espoir que Paul Thomas Anderson sache enfin me saisir, vu les critiques dithyrambiques qui ont fusé de toutes parts dès sa sortie. Et non, ce ne fut pas le cas. Peut-être verrai-je un jour There will be blood et Phantom Thread, mais je désespère profondément de trouver son cinéma intéressant. En tout cas, cette 5e expérience m'a laissé complètement sur le carreau et, pire, m'a agacé. Je ne comprends pas l'engouement autour du film et, très honnêtement, je me demande ce que la critique (presse notamment) aurait pensé de Licorice Pizza s'il n'avait pas été estampillé PTA. Bref, il est temps de parler des raisons qui me poussent à croire que ce film est totalement surestimé.

 

     Un postulat de base dérangeant

 

Licorice Pizza - de Paul Thomas Anderson : surcoté ?

       L'originalité (si je puis dire) de l'histoire d'amour présentée dans Licorice Pizza nous est annoncée dès le début du film. Le jeune homme n'a que 15 ans alors que la jeune femme en a 25. Une barrière s'installe donc immédiatement entre eux : celle de la loi. Partant de ce principe, je me suis dit que l'intrigue allait utiliser cette différence d'âge à bon escient et avec intelligence. Et bien non, en fait, car PTA met tout en oeuvre pour nous faire oublier, petit à petit, que cette femme bien majeure tombe amoureuse d'un adolescent. Vous allez peut-être me trouver complètement con, mais à quel moment peut-on voir du romantisme entre une femme qui va sur la trentaine et un gamin de 15 ans ? Aussi proches soient-ils, ces personnages n'auraient-ils pas pu tout simplement devenir amis et vivre de folles aventures entre amis ? Pourquoi faut-il toujours forcer les personnages principaux à s'aimer coûte que coûte ? Désolé mais chez moi, quand t'as 25 ans, tu touches pas à un gosse de 15. Point.

 

      Si on examine bien le développement de chacun de ces personnages, on comprend rapidement le tour de passe-passe que tente de faire Licorice Pizza, et il est difficile d'être dupe. Tout est fait pour nous faire oublier leurs âges et nous faire croire que cette relation ne pose aucun problème, jusqu'au dénouement complètement crétin. Alana agit comme une gamine du début à la fin, courant et riant comme une enfant alors qu'elle est censée être déjà bien avancée dans sa vie d'adulte. Gary quant à lui, est presque montré comme un homme indépendant et débrouillard, qui sait monter un business tout seul et gérer des équipes avec une confiance et une auto-satisfaction démesurées. Bien sûr, bien sûr. Pour renforcer l'effet, sa scolarité et ses parents seront à peine évoqués (et à peine montrés), tout simplement pour le faire passer pour un adulte avant l'heure. En plus de cette malhonnêteté évidente du récit, les motivations et comportements de Gary semblent très peu crédibles.

 

     Vous me direz : bah oui mais finalement, dans leur tête, ils ont le même âge, et c'est ça qui compte, après tout ! Alors, non seulement je suis en désaccord total, mais en plus je ne comprends pas du tout cette volonté d'utiliser un ado de 15 ans pour cette histoire. Si l'âge a si peu d'importance, au final, pourquoi Gary n'a-t-il pas 18 ans ? 20 ans ? Et, surtout, en quoi cette amourette est-elle passionnante ?

 

     Et même si...

Licorice Pizza - de Paul Thomas Anderson : surcoté ?

       Et admettons. Admettons que cette romance soit valable et acceptable. Même dans ce cas-là, je ne vois pas en quoi Licorice Pizza présente un quelconque intérêt cinématographique, scénaristique ou émotionnel. Il ne s'agit ni plus ni moins que d'une succession de petits sketches plus ou moins réussis, mais sans aucun fil conducteur. Oui, d'accord, le camion qui recule dans la rue, c'est marrant. Mais c'est marrant, c'est tout. Cette histoire de vente de matelas à eau est d'une superficialité affligeante et même les acteurs "guest" font sourire sans plus, tant ils sonnent faux et incarnent des personnages dénués de personnalité.

 

      J'ai entendu ici et là que la BO du film était sublime, mais encore une fois je l'ai trouvée d'une platitude extrême compte tenu du lieu et de l'époque où se tient l'action. Au vu du synopsis et du cadre posé par le film (Los Angeles, années 70, époque cool), cette BO m'a semblé d'une évidence grossière. Elle est terriblement attendue et je n'en ai rien retenu. Oui, d'accord, elle participe à l'atmosphère détendue et sympatoche du film... mais elle est d'une grande banalité.

 

     Mais surtout, expliquez-moi s'il-vous-plait en quoi l'intrigue amoureuse de Licorice Pizza présente le moindre intérêt. Les personnages se tournent autour, rigolent, font des bêtises d'ados, courent l'un après l'autre et c'est d'une niaiserie incroyable. J'ai eu vraiment l'impression d'avoir déjà vu cette histoire 15 fois et, malheureusement, la seule originalité de ce couple est cette différence d'âge illégale que PTA ne cherche jamais à dénoncer. La fin du film est dégoulinante de mièvrerie. On a même droit à la fameuse scène clichée des deux protagonistes qui se font face dans la rue et courent pour se jeter dans les bras de l'autre dans une symétrie parfaite. Qu'est-ce que c'est con.

 

     Bref, je m'arrête là car définitivement, je ne comprends pas ce qu'on peut bien tirer comme autres conclusions pour ce film. Statistiquement, des tas de lecteurs vont s'insurger à la lecture de cet article et vont vouloir m'expliquer en quoi ce film est si exceptionnel... N'hésitez pas, lâchez vous.

 

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