Terrence Malick - Top 10

       Plus on regarde de films et plus on se découvre soi-même. Depuis que je suis passionné par le cinéma, je me suis souvent demandé pourquoi les avis des cinéphiles divergeaient autant sur la qualité d'un film, quel qu'il soit. La réponse est sans doute élémentaire : personne n'attend la même chose du cinéma et de ce qu'il est censé nous apporter. Certains attachent une importance primordiale à la technique cinématographique et prendront un plaisir démesuré à analyser chaque plan. D'autres cherchent à y apprendre des choses et misent tout sur la construction d'un scénario, d'une histoire cohérente. D'autres encore cherchent à recevoir une émotion particulière et s'attendent à être secoués par un film.

      Pour ma part, bien que je puisse apprécier tout autant un Hitchcock à analyser plan par plan qu'un Fincher très bien ficelé, je crois que j'appartiens à la dernière catégorie. Je n'aime jamais le cinéma autant que lorsque je découvre un film qui me remue les entrailles et me fait ressentir quelque chose de fort. Il est donc naturel que le cinéma de Terrence Malick me touche plus qu'aucun autre et qu'il fait sans doute partie de mes cinéastes préférés. Pour moi, Terrence Malick est un peu le Stanley Kubrick des temps modernes (ce n'est pas pour rien que leurs noms riment !). Avec leur propre identité, reconnaissable entre toutes, ils proposent un cinéma unique, peu prolifique, dont chaque œuvre se démarque par une grande originalité, une émotion palpable et une beauté visuelle inégalable. 

     Si on me demandait de citer un film ou un cinéaste qui définit à mon goût la beauté du cinéma, il y a fort à parier que le nom de Terrence Malick viendrait en tête. Cet homme me touche et me donne toujours l'impression de créer exactement ce que j'attends d'un film. Son cinéma n'est pas fait pour tout le monde, certes. J'entends et je lis souvent des remarques comme "à part un défilé de belles images et de belles musiques, les films de Malick sont vides". Je peux comprendre cet argument de la part d'un spectateur qui attend d'un film une histoire forte et un scénario en béton, mais je pense que ce n'est clairement pas l'objectif de Terrence Malick. Ce cinéaste souhaite juste célébrer la vie, la nature, l'amour et je trouve qu'il le fait à (la) merveille.

     J'aime sa caméra grand angle qui parvient à montrer l'immensité des paysages. J'aime ces images flottantes, cette caméra qui semble ne jamais vouloir se figer, tournoyant autour des personnages. J'aime sa manière de filmer la nature, parfois mise en valeur par de majestueux crépuscules. J'aime sa représentation du soleil, des plantes, éléments de vie et de beauté qui inondent chaque image de leur magnifique lumière. J'aime son montage précis, en apparence chaotique mais finalement toujours pertinent. J'aime m'évader, tout simplement, mettre mon cerveau en pause pendant deux heures pour apprécier de belles séquences.

     Je ne saurais pas expliquer plus en détails à quel point le cinéma de Terrence Malick parvient à m'emporter. Je me dis finalement que j'ai de la chance d'y être sensible et je plains (sans jugement) toutes les personnes qui trouvent ça chiant. Bref, maintenant que je les ai tous vus, voici mon top 10 des films de Terrence Malick, en commençant par la 10e place.

     10 - Song to song

      Je pense qu'il y a une certaine logique à voir ce film atterrir en dernière place, puisque ce fut mon visionnage le plus récent. Si ce film avait été mon premier Malick, je pense qu'il aurait certainement bénéficié d'une meilleure place. Terrence Malick ayant une certaine tendance à se répéter, Song to song m'a légèrement lassé parce que j'avais le sentiment qu'il avait déjà fait ce film par le passé. Je ne comprends pas tout à fait sa trilogie A la merveille - Knight of Cups - Song to Song qui aurait dû à mon goût se limiter au premier film. Cependant, Song to Song est superbe d'un point de vue de l'image et j'ai tout de même apprécié mon visionnage, encore et toujours emporté dans cette douce poésie. L'article complet.

     9 - Les moissons du ciel

      Le deuxième film de Terrence Malick en 1978 est probablement celui qui m'a le moins marqué. Je suis davantage touché par son cinéma récent, bien que plus extrême. Les moissons du ciel reste quand même un excellent drame qui a le mérite de ne pas s'éterniser. On y retrouve les thèmes chers au cinéastes et, surtout, cette fascinante manière de raconter une histoire, unique en son genre. Chez Malick, ce sont les images qui expliquent l'intrigue et non les personnages, ni le scénario. Malgré tout, j'en garde un souvenir très vague.

     8 - Knight of cups

     Bien qu'ayant adoré Knight of cups qui m'a beaucoup touché, le film échoue à la 8e place pour la simple et bonne raison que Terrence Malick a réalisé 7 films encore plus puissants. Je l'ai visionné à une époque où je considérais que le cinéaste tournait un peu en rond (cf Song to Song) et se perdait un peu toujours dans les mêmes thématiques. Néanmoins, le flot d'images magnifiques et d'acteurs brillants (Christian Bale, Natalie Portman, Cate Blanchett, Imogen Poots) forme encore une belle expérience sensorielle.

     7 - Voyage of time

      Expérience unique que je n'ai pas eu la chance de découvrir en IMAX, Voyage of time aurait certainement été pour moi un coup de poing au visage s'il n'y avait pas eu The tree of life cinq ans plus tôt. Ce film qui se veut davantage être un documentaire sur la vie et l'univers ne fait quasiment que reprendre les mêmes idées que The tree of life, en supprimant le scénario et les personnages. Le film est incroyable mais j'ai quand même eu une impression de redite. 

     6 - La balade sauvage

      Le premier film de Terrence Malick en 1973 posait déjà les bases de son cinéma. L'amour de Terrence Malick pour la nature se ressent déjà dans ce premier film et Martin Sheen est absolument brillant d'un bout à l'autre en jeune homme insolent et imprévisible. Sissi Spacek, quant à elle, est excellente et offre une interprétation de grande qualité et très originale. Par moments, j'ai quand même eu du mal à trouver son personnage crédible, mais ce film sous forme de Bonnie and Clyde désertique est savoureux et ne s'oublie pas facilement.

     5 - A la merveille

     J'ai déjà beaucoup parlé de ce film. C'est une merveille, un hymne à l'amour sensationnel et brillant sur la forme. C'est à partir de ce moment que Terrence Malick a commencé à perdre des admirateurs, mais c'est également à partir de ce film que j'en suis tombé réellement amoureux. L'article complet.

     4 - Le nouveau monde

      C'est avec regrets que Le nouveau monde échoue aux portes du top 3. Je crois qu'il faut tout simplement se taire et le savourer, mon commentaire ne pouvant rien apporter de plus que le visionnage lui-même. Terrence Malick, en 2006, commence à s'imposer avec Le Nouveau Monde comme un cinéaste hors-normes, l'un les plus importants de cette génération. Le Nouveau Monde est une petite claque contemplative qui casse tous les codes classiques de narration, et ça fait un bien fou. Les images sont magnifiées par la virtuose caméra d'un génie qui filme comme personne les paysages, la nature ou les relations humaines. Avec pratiquement aucun dialogue, mais surtout des regards, Malick donne à ses personnages plus de profondeur et d'émotion qu'avec n'importe quelle réplique, filmant l'amour de façon contemplative et très sensible. C'est sans oublier la majestueuse musique qui ravit les oreilles tout au long du film, atteignant son paroxysme de lyrisme et de beauté à la toute fin. Bref, cette revisite de l'histoire de Pocahontas est incontournable.

     3 - Une vie cachée

      Terrence Malick, après s'être légèrement perdu dans une extrémisation de son cinéma, revient en force avec l'un des plus beaux films de ces dernières années. J'ai déjà fait un article sur Une vie cachée et, de toutes façons, ce top 3 se passe de mots.

     2 - La ligne rouge

       Malick s'essaie au film de guerre et, en plus de magnifier la nature, s'attaque ici à la nature humaine. En filmant ses personnages à hauteur d'homme (interprétés par l'un des castings les plus hallucinants du cinéma, les acteurs se battant à l'époque pour tourner avec le cinéaste), la caméra cachée dans les hautes herbes, Terrence Malick réalise l'un des films de guerre les plus poignants de tous les temps. Article complet.

     1 - The tree of life

     Aucune surprise, bien sûr. C'est le premier film de Terrence Malick que j'ai vu, au cinéma en 2011. Je ne me remettrai jamais totalement de ce visionnage, c'est indescriptible. L'article complet.

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