Il était temps que je fasse une nouvelle version de ce classement, que j'avais fait en 2010 et qui commence à dater à de multiples points de vue : de nouveaux films sont sortis, mes goûts ont changé, et puis j'ai un peu honte de l'article de l'époque dans son écriture, au point de ne même pas remettre le lien ici.
Plutôt que de blablater pendant des plombes sur le style de Tarantino, ce que j'avais essayé de faire en 2010 mais qui n'était qu'une bête redite de tout ce qu'on peut déjà lire partout, et que tout le monde connait déjà, j'ai plutôt envie de partager un souvenir : celui de ma découverte de Kill Bill.
Nous sommes environ en 2007. J'ai quelques amis à la fac, et plus particulièrement deux d'entre eux, chez qui on s'invite régulièrement pour regarder différents films ensemble. C'est avec ces deux personnes (David et Jonathan, ça ne s'invente pas) que nous passions des soirées entières à regarder Lost à chaque sortie d'épisodes entre 2004 et 2009, puis à en débattre, éventuellement les revoir. Nous avons regardé des films d'horreur ensemble, et même les 3 premiers épisodes de Twilight (vraiment de l'horreur, donc), c'est dire la diversité de nos expériences. Quel temps béni...!
Bref, un jour Jonathan nous propose de venir chez lui pour nous faire découvrir Kill Bill : Volume 1 et 2. Avec David, nous étions assez peu emballés par l'idée. Quatre heures de films d'action un peu sanglants ? Mouais. Pour ma défense, je ne connaissais Tarantino que de nom, je pense que j'avais vu Pulp Fiction, que j'adulais, mais guère plus. J'étais encore à mille lieues d'imaginer le style de ce cinéaste de génie. Jonathan finit par nous convaincre et on se dit que de toutes manières, ça nous donnera l'occasion d'une soirée supplémentaire, sympa entre potes. Sur la route, pour rejoindre Jonathan chez lui, je me souviens qu'on s'était dits avec David qu'on pourrait regarder le premier film, puis écourter la soirée en prétextant être trop fatigués pour le deuxième. Inutile de vous dire que la soirée ne s'est pas du tout déroulée comme ça.
Kill Bill Volume I m'en a mis plein les yeux, je n'en revenais pas de l'extraordinaire qualité de cet objet. J'ai été constamment surpris, par les choix de réalisation, par les couleurs, par les effets tarantinesques hyper cool, par les changements de style (noir et blanc, animation, silhouettes), par la musique. Nous avons enchaîné avec Kill Bill Volume II sans demander notre reste et j'ai été à nouveau fasciné par le changement brutal de proposition cinématographique. Nous avions migré d'un film d'action asiatique vers un western beaucoup plus posé mais tout aussi drôle et référencé. Ce fut l'une des soirées ciné les plus excitantes de ma vie et, aujourd'hui encore, je considère Tarantino comme l'un de mes réalisateurs favoris. Certains cinéphiles tentent régulièrement de faire croire que les fans de Tarantino sont surtout des ados qui se paluchent parce qu'ils n'ont jamais rien vu d'autre, que c'est un passage obligatoire mais qu'il est inévitable d'évoluer au fil des années et de réévaluer son art... Je ne suis absolument pas d'accord. Je pense au contraire que Tarantino est un cinéaste majeur, l'un des plus grands depuis les années 90, qui ne cesse de toucher juste avec son style à part entière, marqué par des hommages et références en tous genres et un goût prononcé pour le thème de la vengeance qui transpire dans toute sa filmographie. Ses dialogues et ses personnages sont toujours efficaces, ils frappent où il faut quand il faut. A part quelques films en bas du classement, je pense que je pourrais visionner ce top 7 en boucle sans jamais me lasser, toujours avec la même jubilation.
Venons-en au fait avec ce top 10. Je me doute que vous n'aurez pas le même classement que moi (puisque visiblement, personne n'est jamais d'accord sur ce réalisateur), je vous invite donc à en discuter dans les commentaires si vos films chouchous ne sont pas les mêmes que les miens.
1 - Kill Bill Volume I & II
Avec tout mon speech précédent, vous vous doutiez certainement de cette première place. Je ne parviens pas à savoir quel volet je préfère, j'aime donc penser Kill Bill comme un grand film de 4 heures même si les deux sont radicalement différents dans leur approche. Kill Bill, c'est un personnage féminin très fort, une histoire de vengeance à travers un hommage aux films de sabre asiatique et aux westerns. Tout est parfait du début à la fin, il n'y a pas une minute à enlever.
2 - Pulp Fiction
Pas très original, non. Mais Pulp Fiction est un exemple d'écriture (de scénario, de personnages, de dialogues), de montage. L'une des Palme d'Or les plus méritées de toute l'histoire du Festival de Cannes.
3 - Django Unchained
Tout est proche de la perfection dans cette revisite de l'Histoire de l'esclavagisme, une manière brillante et décalée de rendre justice par les images, de manière forte et marquante. DiCaprio y trouve son meilleur rôle, pour lequel il aurait dû remporter son fameux Oscar. Django Unchained est un bel hommage au film de 1966 de Sergio Corbucci, avec une apparition clin d'œil de Franco Nero absolument parfaite. The D is silent.
4 - Inglourious Basterds
J'entends souvent dire qu'Inglourious Basterds n'était pas si fou, mais que vous faut-il ? Avec son ton décalé, sa manière de réécrire l'Histoire en butant du nazi jusqu'à une scène de pure violence sur Hitler, le film est à la fois jouissif, tendu et bourré de suspense, et hilarant grâce à ses personnages forts en caractère (tous sont réussis, avec une mention évidemment pour Christoph Waltz qui livre l'une des performances les plus inoubliables de ce début de siècle).
5 - Once upon a time... in Hollywood
Encore une fois, Tarantino choisit de réécrire l'histoire avec un film qui s'avère tout sauf académique. Once upon a time... in Hollywood rend hommage à l'âge d'or d'Hollywood et du cinéma, tout en rendant justice à Sharon Tate, c'est une magnifique déclaration d'amour au cinéma.
6 - Boulevard de la mort
Film déchaîné, fou, sexy, Boulevard de la mort souffre de quelques longueurs en première partie (trop bavarde), mais se termine en course-poursuite virevoltée qui fait tout péter. Kurt Russell est flippant. La vengeance féminine est jouissive.
7 - Les Huit Salopards
Tarantino s'essaie au huis clos quelques années après Reservoir Dogs (non non, je ne l'ai pas oublié, ne vous inquiétez pas) dans ce western confiné où les personnages se confrontent. Chacun d'entre eux (le spectateur y compris) recherchent le menteur parmi les 8, c'est passionnant à suivre. Il vient si bas dans le classement parce qu'il est un peu trop long, je pense que deux heures auraient largement suffi pour développer cette situation tendue à l'extrême.
8 - Reservoir Dogs
Il est possible que j'aie besoin de revoir Reservoir Dogs pour m'en faire un avis plus éclairé, puisque je ne l'ai pas revu depuis bientôt 15 ans. Si je salue le côté huis clos très prenant ainsi que toute cette brochette d'acteurs de légende, je reste assez hermétique à l'univers des gangsters exclusivement masculin... C'est un peu le même problème que celui que je rencontre en regardant les films de Scorsese, qui ont du mal à me parler dans leur approche assez "macho". Néanmoins, je valide la virtuosité de la mise en scène, absolument parfaite.
9 - Jackie Brown
J'en ai un souvenir très vague, Jackie Brown ne m'a clairement pas marqué par ses situations, ses dialogues et ses personnages. Il n'en reste pas moins très maîtrisé dans son style.
10 - Groom Service
Je pense qu'il faut être aveuglé par son amour pour Tarantino pour porter ce film aux nues. J'en ai même entendu dire que Groom Service était son meilleur projet. On marche sur la tête. Les segments de Tarantino et Rodriguez sont assez sympa mais le film est très inégal et mauvais sur une bonne moitié. A voir une fois pour la curiosité...
Voilà tout pour ce cinéaste pour lequel il me tardait d'actualiser mon vieux top. J'ai hâte de découvrir ce qui sera (a priori) son 10e et ultime film en 2025.
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