Wouaw. Avez-vous 26 minutes devant vous ? Il est agréable de tomber, par hasard, sur des films dont on ne connait rien mais qui nous bouleversent instantanément. Ce court-métrage en fait partie. Réalisé par Mike Mills en 2019 (cinéaste dont j'avais déjà adoré le méconnu C'mon C'mon avec Joaquin Phoenix, qui parlait déjà de l'enfance en noir et blanc), I am easy to find retrace la vie d'une femme, de sa naissance à sa mort, incarnée par Alicia Vikander.
Je ne m'y attendais tellement pas ! J'ai découvert hier matin, par hasard, le groupe The National dont je n'avais jamais entendu parler. En écoutant quelques chansons aléatoires sur Youtube, je tombe sur des images en noir et blanc avec Alicia Vikander. Ces images me perturbent car elles semblent extrêmement travaillées et soignées, illustrant à merveille la musique mélancolique qui traverse mes oreilles. Je me renseigne alors immédiatement, et je tombe sur cette vidéo, présente sur la chaîne de The National. Je vous laisse découvrir ce "clip d'album" de presque 30 minutes, et on en parle après.
Inutile de préciser à ceux et celles qui suivent le blog que I am easy to find représente exactement tout ce dont je raffole au cinéma. Chaque image est une merveille. J'ai souhaité en sélectionner juste 3 ou 4 pour écrire cet article mais je n'ai pas pu m'y résoudre : j'avais envie de piocher dans chaque minute de ce film. Voici quelques exemples, parmi tant d'autres, d'ambiances visuelles que I am easy to find propose. Par moments, on se croirait presque dans du Terrence Malick, à travers la description poétique des petits moments de la vie.
S'il n'y avait que la photographie éblouissante et la musique, le film m'aurait tout de même conquis. Mais il n'y a pas que ça : Mike Mills et The National insufflent ici quelque chose de profondément nostalgique avec ce propos sur la vie, la mort, le deuil, les difficultés de l'enfance. Les larmes ne sont pas venues lors de mon premier visionnage car j'étais trop occupé à admirer les images et à me passionner pour l'évolution de ce personnage, mais je sens que je vais revoir le film plusieurs fois dans les jours à venir et que ça va me hanter. I am easy to find va probablement faire partie de ces "obsessions" que je décris parfois et qui me tombent dessus sans prévenir. Alicia Vikander est d'une grâce folle, comme toujours...
Le film, par son principe, s'attarde sur une certaine vision de la vie, mais il ne s'arrête pas là : il dépeint aussi la condition des femmes. Sans en faire trop, juste par bribes suggérées, I am easy to find m'a touché avec ses commentaires écrits, qui décrivent la manière avec laquelle ce personnage évolue, puis apprend de son passé. L'enfant ne comprend pas pourquoi sa mère est "moins facile" que son père... puis l'adulte devient mère. L'enfant ne comprend pas pourquoi ses parents se disputent... puis elle vit les désillusions de l'amour. I am easy to find est un merveilleux discours sur la maturité, sur la vie. C'est sublime.
Et pour ne rien gâcher, ce court-métrage s'attarde sur les souvenirs, sur cette enfance qui passe trop vite, sur ces moments qui s'échappent et qu'on ne peut plus récupérer. Les lieux qu'on a visités, les années qui filent entre nos doigts, l'histoire qui se répète mais différemment. Ce propos a fini de m'achever, je suis très sensible à ce genre de choses.
Bref, j'espère vous avoir fait découvrir ce court-métrage, que je rapprocherais davantage du film d'auteur malickien que du clip musical. Ça m'a rappelé, dans la démarche artistique, le clip de Fjögur píanó de Sigur Rós dont j'avais parlé ici il y a plus de 15 ans. Ça me touche au plus profond.