J'ai dit que c'était à mon goût le meilleur film du réalisateur (à égalité avec
Sixième Sens,
j'avoue qu'il est difficile pour moi de les départager, m'enfin peu importe), mais pas seulement. Je considère ce film comme étant également le meilleur de l'année 2000, sans problème. Un choix
qui peut en consterner certains, parce que le film ne fait pas l'unanimité. Des scènes longues, des plans très lents, ça ennuie visiblement les gens. A croire que si ça ne bouge pas un minimum,
ils s'ennuient. C'est quelque chose que je n'arrive pas à comprendre, mais j'imagine que ça ne se contrôle pas. Comment ne pas voir toute la beauté des plans, toute la finesse des mouvements de
caméra, toutes les sensations procurées par la musique ? Comment ne pas ressentir cet habile mélange d'émotions et de frissons à la vision de cette sublime intrigue ? Ce n'est pas de l'action
(c'en est très très loin), ni du suspense, ni du fantastique, il n'y a pas d'effets spéciaux, seulement des effets visuels percutants et magnifiques, une histoire passionnante et originale,
d'ordre psychologique. Petit détail :
Incassable n'est évidemment pas tiré d'une histoire vraie, même si la fin pourrait nous le laisser
croire (en fait elle nous révèle simplement ce qu'il advient de nos personnages).
Le scénario n'est peut-être pas des plus mouvementés, mais il est original. Il est basé sur les comics, ces bandes dessinées de superhéros dont
Elijah Price est dingue depuis son enfance. C'est l'un des grands thèmes du film, les références y sont nombreuses et c'est même la base principale de la
relation entre les deux personnages du film. Deux personnages complètement opposés, qui deviennent amis malgré leurs différences. Attention, il n'est pas nécessaire d'apprécier les comics pour
aimer ce film. Je n'en ai moi-même jamais lu et je m'en passe très bien. Le film n'a rien des habituelles superproductions de superhéros supergéniaux avec des superpouvoirs, puisque ça se passe
au sein d'une trame totalement réaliste. Disons simplement que ce film est une histoire de superhéros, mais adaptée de façon très concrète dans notre monde de tous les jours.

Mais le sujet principal du film est surtout la recherche de soi-même. Chacun des deux personnages est malheureux, parce qu'ils ne savent pas
quelle est leur place dans ce monde. Tandis que
Elijah se demande s'il n'est pas une stupide erreur de la nature,
David
se lève tous les matins avec un sentiment de mal-être, de tristesse qui ne le quitte pas. Il ne sait pas qui il est, surtout depuis l'accident de train dont il est sorti intact. Le début du film
est d'ailleurs sublime, lorsqu'on apprend que
David est le seul survivant de l'accident et qu'il retrouve sa famille. Un événement qui va le changer. Bref,
les deux personnages sont donc en pleine crise d'identité et vont mutuellement s'aider pour tenter la résoudre. Un sujet intéressant, d'autant plus qu'il est maîtrisé de bout en bout. Et
l'évolution du personnage principal est une merveille, allant de révélations en révélations.
David se transforme et apprend à connaître sa vraie nature, le
rôle qu'il doit jouer dans sa vie. Une prise de conscience qui va perturber sa vie à jamais. Tout au long du film on voit le personnage progresser, par étapes, afin de devenir ce qu'il est
vraiment, poussé par son fils qui l'encourage.
Bruce Willis interprète
David Dunn avec tellement de
talent, il est parfait dans ce rôle qui lui va à merveille, bien qu'on n'ait pas l'habitude de le voir dans des films aussi psychologiques. Le spectateur suit l'avancée du personnage
principal en même temps que lui, à travers des scènes toutes plus belles les unes que les autres.

A commencer par la scène des haltères, tellement sublime et intense. Le réalisateur parvient à capter chaque regard de
Bruce Willis, et c'est toujours frissonnant. Jamais l'acteur n'aura eu autant d'occasions d'exercer l'un de ses plus grands talents : son jeu de regard.
Il nous éblouit à chaque scène par sa facilité à nous émouvoir, avec ses expressions uniques et crédibles. La scène des haltères dans la cave contient de nombreux silences, elle se passe en temps
réel. Un passage vraiment long, mais quel plaisir on prend ! D'autant que la musique de
James Newton Howard nous en met plein la vue
(
voir cet article pour les musiques du film). Encore une fois, c'est le
fils de
David, Joseph, qui va le pousser à aller au bout de ses limites, car il est conscient que son père est spécial, il est convaincu que son père est un
héros au sens propre du terme.
D'ailleurs, cet engouement de la part de
Joseph donne lieu plus tard à une scène haute en suspense, lorsqu'il tient
à vérifier que son père est vraiment un superhéros. C'est là qu'on revient dans la réalité. Là que
Shyamalan nous dit "
Opopop', Stop. C'est bien beau tout ça, mais il ne faut pas oublier que notre personnage n'est pas non plus Superman". Une façon de
nous dire que ce film n'est pas un film fantastique, que ce n'est pas un gros n'importe quoi et que l'histoire tient debout. Parce que le film traite aussi d'une famille, et pas seulement d'un
seul personnage. En évoluant,
David Dunn permet également à sa famille de s'épanouir et en particulier de surmonter la déchéance de son couple avec
Audrey, qui bat de l'aile. Bref, quoiqu'il en soit, c'est une scène vraiment très psychologique, où
Spencer Treat
Clark joue d'ailleurs avec talent.

Ensuite, bien sûr, la scène des visions est certainement l'une des meilleures du film. Les frissons sont encore plus violents devant cet
enchaînement d'éléments magnifiques. Plusieurs paramètres s'associent et forment un ensemble merveilleux : à la fois une musique incroyable et stimulante (
"Visions", signée
James Newton Howard), des plans de caméra tellement géniaux qu'on en reste scotchés sur
notre siège, un
Bruce Willis au top, les visions du personnage qui nous font comprendre à quel point on ne rigole plus. Et surtout, l'origine
des frissons vient de tout ce que cette scène implique. C'est un tournant dans la vie de
David, c'est le moment clé de sa vie, qui lui fait prendre conscience
qu'il y a une part de sa personnalité qu'il n'a jamais exploitée et dont il n'a jamais eu connaissance. C'est également le point culminant de sa quête, un aboutissement spirituel vraiment
puissant. Je ne résiste pas... voici la vidéo :
Pour le moment, je n'ai parlé que de
Bruce
Willis, mais que dire de
Samuel L. Jackson ? Il est d'un talent exemplaire, on éprouve à la fois de la pitié et de
l'admiration pour son personnage qui semble avoir toutes les données dans sa tête et qui n'est pas aussi fou qu'on aurait pu le penser. L'acteur est notamment très émouvant dans la scène finale,
que je ne dévoile pas ici (
hého, on est seulement au Niveau 2 du Spoiler, faut pas abuser !) car c'est quelque chose de
vraiment extraordinaire qui achève le spectateur. Cependant, vous pouvez continuer
la
lecture de cette analyse en suivant ce lien qui explicite le dénouement. L'une des plus belles fins de films qu'il m'ait été donné de voir.
Bref, ce film est tout simplement une merveille, que je ne me lasserai jamais de voir. Voici la sublime bande-annonce qui montre déjà plusieurs plans
sublimes :
Voir aussi : Les meilleurs films de 2000 à 2010,
Incassable (fin du film),
Sixième Sens,
Les 20 fins de films les plus surprenantes, Bruce Willis,
Sixième Sens (fin du film), The Village (fin du film), Le dernier Maître de l'Air, Samuel L. Jackson.
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Billy 03/05/2019 09:26
Alcobia 30/07/2014 00:10
Sacha 07/04/2013 16:35
Sebmagic 07/04/2013 16:41
Kevin.H 18/10/2012 00:49
Sebmagic 18/10/2012 02:47
jeux gratuit 03/09/2012 22:43
Sebmagic 03/09/2012 23:05