Je viens donc d'aller voir ce film. Certes, je partais avec un préjugé très négatif, au vu de la
bande-annonce et du sujet traité. Puis je me suis dit "
au diable le scénario, ça reste du Shyamalan !".
Monumentale erreur. Je le cherche toujours, le
Shyamalan. A part quelques scènes vraiment bien filmées, je
n'ai pratiquement jamais reconnu la patte du réalisateur, qui m'a beaucoup déçu en allant à l'encontre de tous ses principes de réalisation. Je vous rassure, je suis toujours aussi fan de ce
type. Il suffit juste que j'arrive à oublier que ce navet a été fait par lui. Pour le moment, il avait fait le parcours parfait.
Sixième Sens, Incassable,
Signes, Le Village, La Jeune Fille de l'Eau, Phénomènes. Six très grands films, sublimement filmés. Je ne vais pas parler d'eux aujourd'hui. Je vais simplement résumer pourquoi le
septième,
le Dernier Maître de l'Air, s'en éloigne tant.
Le début du film m'a déjà fait peur. Le texte de présentation qui défile, la gamine qui cause par-dessus. Ce qui me choque dans ce film, c'est qu'on a eu droit à du
Narnia. Voilà ce qui me gêne. Alors que
Shyamalan nous a montré avec quel talent il
pouvait créer de la magie et du conte de façon subtile et pleine de symboles dans
La Jeune Fille de l'Eau, il nous a fait ici du
Narnia. Autant dire : du nanar. Je détaille donc :
Premièrement, on a le droit à un nombre incalculable de clichés pitoyables. Prenez n'importe quelle scène de dialogue dans ce film : elle contient des clichés énormes. On
peut commencer par les phrases toutes faites du style "
- Tu ne me l'as jamais dit... - Tu ne me l'as jamais demandé !".
Comment
Shyamalan en est-il arrivé à faire des dialogues aussi minables ? C'est ça la réelle question. Autres clichés dans les dialogues :
tout le nian-nian et cul-cul qui en ressort. Alors je ne sais pas si c'est la VF qui a détruit ces dialogues, mais de toutes façons, quand on voit leur consistance, on s'imagine que ça ne doit
pas être plus glorieux en VO. J'ai envie de dire "
What the fuck ?". Autre exemple de scène : la fille commence à former
une boule pleine d'eau face à ses ennemis. Leur réaction : "
C'est un maître de l'eau !!"... Merde,
Shyamalan nous a quand même habitué à plus de subtilité et d'implicite avec notamment des scènes sublimes sans paroles.
Deuxièmement, quelques incohérences. Honnêtement, le moine corrompu par de l'argent, c'est quoi ce truc ? Le moine qui préfère gagner une minuscule bourse de piécettes au
lieu d'aider le mythique
Avatar (qui désigne quand même le plus grand maître spirituel de leur monde), sous prétexte qu'il est pauvre ? Qui peut croire une
telle chose ? Il y a aussi le fait que ce petit bonhomme, certes très doué, réussisse à maîtriser pratiquement la mer entière en quelques jours... Bon, ça à la limite ça peut passer, c'est un
conte et d'ailleurs ça donne lieu à une scène assez belle à la fin.

Troisièmement, les acteurs. Bon diou. On avait été habitué à du
Bruce Willis, du
Mel Gibson, Samuel L. Jackson, Joaquin Phoenix, Haley Joel Osment, de la
Bryce Dallas Howard ou encore
Zooey Deschanel. Bref, à du top niveau. Mais là, qui sont
ces gugusses ? Le gamin choisi pour interpréter le maître de l'air (
Noah Ringer) a autant de charisme et de talent que le pâté que j'ai mangé
ce midi. Il est tellement expressif que le seul moment où son jeu de regard m'a semblé bon, c'est quand ses yeux se sont mis à briller tout blanc. Mais au niveau acteur, il n'est pas le pire,
loin de là. Même
Dev Patel (qui était pourtant relativement correct dans
Slumdog
Millionaire) nous montre son total manque de talent. Quand aux deux "
frère et soeur", ils semblent tout droit sortis du
Monde de Narnia avec la robe bleue et la coiffure de princesse. Aussi niais, inintéressants et dénués de talent.
Ensuite, la musique. Certes, elle est parfois sympa. Mais sympa, sans plus.
James Newton Howard nous offre ici ses
pires compositions, dignes d'une bande-annonce de blockbusters, ultra-commerciale et répétitive.
Enfin,
Shyamalan nous avait habitués à des plans magnifiques et à des messages, des symboles (notamment dans
La Jeune Fille de l'Eau). Ici, on n'a rien. Le scénario est plat, très prévisible, à tel point qu'il surprend encore moins qu'un épisode de
Plus Belle la Vie. On voit le gamin faire des gestes interminables, certes pas trop moches mais lourdingues. Les effets spéciaux sont
vraiment très bons, et ça restera l'élément positif du film, mais où sont passés les sublimes plans de ses autres films ? Oui, je sais, ce n'est plus un film psychologique, mais l'adaptation d'un
manga. Néanmoins, La Jeune Fille de l'Eau n'était pas non plus un film psychologique et on a eu droit à des plans dignes de ce nom. Ce que je voulais dire, c'est : "
Pourquoi avoir choisi ce sujet ?". A mon goût, cette aventure ne lui ressemblait pas. On a droit à un joli plan-séquence lors d'une
scène de combat, et honnêtement je n'ai rien repéré d'autre.
Grosse déception, donc. Je ne m'attendais pas à quelque chose de bon. Mais je m'attendais néanmoins à un tout petit peu de
Shyamalan pour relever le niveau de tout ça. De plus, à la fin du film, on apprend qu'il y aura donc un deuxième livre. La seule chose que je voudrais
dire à
Shyamalan c'est : laissez les rênes du prochain film à d'autres réalisateurs, parce que ça ne vous va pas et ça détruit votre image.
Je veux bien qu'il y ait une volonté de changer de registre. Mais pourquoi vouloir en changer quand on frise la perfection dans son propre domaine ? Je serai très présent lors du prochain film
issu de son cerveau,
Devil. Impatient, même. Car on sent revenir l'ambiance du huit-clos, de l'angoisse et du scénario tels qu'il sait les
manier. Mais pas de Livre 2, please...
Ze Ring 04/10/2010 22:28
Sebmagic 04/10/2010 23:02
Ze Ring 04/10/2010 13:02
Sebmagic 04/10/2010 18:59
HélèneM 03/08/2010 21:55
Sebmagic 03/08/2010 22:00
diatribes 03/08/2010 20:26
Sebmagic 03/08/2010 20:32
Versus 03/08/2010 15:01
Sebmagic 03/08/2010 16:58