Chérie 25 repassait ce soir Sixième Sens, l'un de mes films préférés, réalisé par mon cinéaste préféré. Lorsque le générique de fin est apparu, j'ai vu que jeudi prochain, ce sera au tour de Signes, toujours de M. Night Shyamalan, d'être diffusé sur la chaîne. J'ai alors réalisé qu'après toutes ces années, je n'avais jamais fait de critique de ce film sur le blog, et c'est inadmissible.
Signes est un film de science-fiction sorti en 2002, qui traite d'une invasion extraterrestre sur Terre par l'intermédiaire des fameux "signes", à savoir les cercles de culture qui font partie, pour certains, des plus grands mystères du paranormal. Le film met en scène quelques acteurs tous aussi brillants les uns que les autres ; Mel Gibson en ancien pasteur ayant perdu la foi, Joaquin Phoenix déjà exceptionnel des années avant sa consécration, Rory Culkin qui me fascine dans chacun de ses films, et enfin Abigail Breslin pour sa première apparition sur grand écran, quelques années avant son merveilleux rôle dans Little Miss Sunshine.
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Tout comme les précédents films de Shyamalan (Sixième Sens et Incassable), Signes est un film intimiste qui prend le contre-pied des autres films du genre en proposant un film basé sur la psychologie, les personnages et les émotions. Une fois de plus, le réalisateur ne joue pas la carte du grand spectacle. Il avait réussi le tour de force de se démarquer des films d'horreur dans Sixième Sens avec une nouvelle vision des êtres fantomatiques, puis avait enchaîné avec Incassable, chef d'oeuvre absolu sur le thème des super-héros qui est pourtant à l'opposé de tous les films de super-héros qu'on ait pu voir avant et après. Il réitérera d'ailleurs cet exploit quelques années plus tard avec Split et Glass avec des scénarios et mises en scène dignes de son talent.
Quant à Signes, il se distingue clairement des autres films d'extraterrestres avec une absence quasi-totale d'effets spéciaux. L'ensemble du film se concentre sur quatre personnages ; une petite famille plutôt originale vivant dans une maison au beau milieu des champs de maïs. Vous n'y verrez donc pas de gros vaisseaux spatiaux, ni de buildings qui explosent, et encore moins du combat de l'armée contre l'envahisseur, non. Tout le film reste intégralement fixé sur cette famille et sur sa façon de gérer les informations données par les médias à propos de l'attaque extraterrestre. L'absence d'action pure en fait à mon goût un bijou du cinéma, dans la parfaite lignée des précédents films de Shyamalan.
Ce goût pour les plans longs, les déplacements fluides de la caméra, les cadrages incroyablement posés, la mise en scène millimétrée, m'a toujours fasciné et ému dans le cinéma de Shyamalan et c'est en partie pour ceci que ses films m'ont toujours marqué à ce point. On ajoute à cette virtuosité de réalisation un traitement approfondi et sensible des personnages, qui ont une réelle "âme" et auxquels on peut toujours s'identifier. Les scènes donnent souvent lieu à un humour finement dosé, jamais lourdingue et toujours bienveillant, ce qui apporte au film un côté doux et agréable. Il est amusant de se dire que Signes, qui traite pourtant de sujets difficiles comme le deuil, le désespoir ou la maladie, reste finalement le film le plus drôle de M. Night Shyamalan grâce à des passages aussi absurdes que savoureux même dans les moments les plus dramatiques.
Que dire en effet de cette scène où Joaquin Phoenix s'assied avec les deux enfants, tous trois vêtus d'un chapeau en aluminium sur la tête ? Ou encore de cette scène de dîner merveilleuse, où Shyamalan et Mel Gibson parviennent à nous tirer des larmes en jouant sur la corde familiale, tout en réussissant l'exploit de nous faire rire une seconde plus tard lorsque Mel Gibson tire Joaquin Phoenix par le pull ?
Signes alterne ainsi les scènes humoristiques (jamais appuyées car basées sur le comique de situation et les réactions silencieuses des personnages) et les scènes de suspense incroyables, en nous forçant à nous mettre à la place des personnages sans jamais exagérer leurs réactions. Car, avec Shyamalan, la puissance des ambiances et des situations, amplifiée par la mise en scène lente et la musique géniale de James Newton Howard, est telle qu'une seule image est capable de nous donner des frissons, à l'instar de la première apparition de l'extraterrestre à la télévision - pur moment de génie. Le seul défaut qui pourrait être attribué à Signes est peut-être l'aspect visuel assez dégueulasse des aliens, mais ce n'est véritablement qu'un détail à côté de tout ce que le film propose pendant deux heures.
Car Signes s'avère également être un film émotionnel et psychologique, puisque le ressenti des personnages est constamment au coeur du film, notamment celui de Mel Gibson. Pour une fois, l'aspect "religieux" ne m'a pas dérangé et j'ai beaucoup apprécié la thématique de la foi et du pardon, à travers le personnage joué par M. Night Shyamalan lui-même. Toute la partie centrée autour du deuil du personnage de Mel Gibson donne lieu à des séquences d'émotion pure. Ce flashback, mon dieu... Les protagonistes se remettent en question, réfléchissent au sens de leur vie, comme par exemple lors de cette sublime séquence de dialogue entre Joaquin Phoenix et Mel Gibson à propos de la foi et des signes. Non seulement la discussion des deux personnages est passionnante de bout en bout, mais en plus la lumière est magnifique, mettant en valeur les yeux perçants et profonds de Mel Gibson. C'est sublime.
Bref, tout dans ce film est selon moi proche de la perfection et je ne me lasse jamais de le découvrir encore et encore, savourant les plans délicats, le jeu incroyable des acteurs (Abigail Breslin a 5 ans lorsqu'elle tourne ce film. Oui, 5 ans), et le scénario, comme toujours, d'une efficacité et d'une ingéniosité redoutables. Parmi les films d'invasions extraterrestres, il est clair que Signes restera longtemps mon chouchou.
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