Quelques films en vrac #27 - Rattrapage Quentin Dupieux

Quelques films en vrac #27 - Rattrapage Quentin Dupieux

       Dans le but de sortir prochainement un top des films de Quentin Dupieux, dans lequel je parlerai plus en détails de mon goût pour son cinéma atypique, j'ai regardé les derniers films du réalisateur que je n'avais pas encore vus. Voici donc un petit article pour de brèves critiques de ces découvertes.

 

       Evidemment, il est toujours mieux de regarder un film de Dupieux sans rien en savoir à l'avance, car la plupart de ses longs-métrages jouent sur l'effet de surprise. Je vous conseille donc de ne pas lire ce qui suit si vous n'avez pas encore vu ces films.

 

Incroyable mais vrai (2022)

Quelques films en vrac #27 - Rattrapage Quentin Dupieux

       En majorité, les films de Quentin Dupieux sont basés sur le même principe : un concept de départ terriblement absurde, que des personnages vont devoir découvrir petit à petit. Certaines de ces idées sont plus réussies que d'autres, et j'ai particulièrement apprécié celle d'Incroyable mais vrai. C'est l'histoire d'un couple qui achète une maison. Cependant - l'agent immobilier les prévient par avance - cette maison possède une propriété totalement incroyable : un conduit qui permet d'avancer de 12 heures dans le temps, tout en rajeunissant de 3 jours. Le début du film est une merveille d'excitation et de drôlerie, car il joue sur l'attente du spectateur qui, comme les personnages, a hâte de connaître le fameux "truc incroyable" de la maison. Là où Quentin Dupieux est fort, c'est qu'il parvient à ne pas nous décevoir dans la révélation. Aucun doute : ce conduit est aussi absurde qu'incroyable. 

 

       Une fois la révélation délivrée aux personnages et au spectateur, le film s'enfonce dans un absurde totalement délicieux, avec des intrigues secondaires également géniales, comme la bite mécanique du personnage de Benoît Magimel. Les idées loufoques et hilarantes s'enchaînent et l'alchimie entre les acteurs permet une fluidité et un humour très efficaces. Que ce soient Alain Chabat, Léa Drucker, Benoît Magimel ou Anaïs Demoustier, l'intégralité du casting provoque le rire à travers des situations inattendues. Et puis, cerise sur le gâteau, Quentin Dupieux en profite pour dénoncer la recherche de la jeunesse éternelle et le culte du paraître. Il est juste dommage que le cinéaste rate un peu le dénouement de son histoire, surtout comparée à la première partie exceptionnelle. Malheureusement, c'est un défaut récurrent chez Dupieux : le fait de manquer d'idées pour conclure.

 

Le daim (2019)

Quelques films en vrac #27 - Rattrapage Quentin Dupieux

       Parmi tous les films de Quentin Dupieux, Le daim se rapproche plus d'un Rubber avec un côté sanglant voire délicieusement perturbant par moments. Encore une fois, le réalisateur prouve que le cinéma français est capable de sortir de ses limites pour proposer quelque chose d'original et de jamais vu ailleurs. Jean Dujardin est extraordinaire dans ce film, tout comme Adèle Haenel totalement investie dans ce rôle. Le daim est une mise en abyme absurde des métiers du cinéma et offre un décalage savoureux. Comme toujours avec Dupieux, les dialogues sont écrits à la perfection et les situations aussi drôles qu'inattendues se succèdent. Le spectateur va de surprises en surprises et les éclats de rire viennent de nulle part. Encore une fois, la conclusion est malheureusement plus faible que le reste, mais l'ensemble est tellement barré qu'on ne peut y voir autre chose qu'une forme de génie.

 

Wrong (2012)

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        Brillant, encore. Wrong est probablement l'un des films de Quentin Dupieux que j'ai préférés, notamment grâce aux idées totalement originales qu'il propose. L'écriture des dialogues est une merveille dans le travail de l'absurde et j'ai même stoppé le film de temps en temps pour noter des répliques que j'ai adorées. La conversation téléphonique entre Dolph et la fille de la pizzeria en début de film est un délice de drôlerie. Le personnage d'Emma, d'ailleurs, est brillamment écrit. Sa naïveté extrême, révélée lors de sa confusion entre le véritable Dolph et le personnage d'Eric Judor, est si délirante que j'ai ri à gorge déployée. Dupieux attribue à ses personnages des réactions à l'opposé de celles qu'on pourrait attendre, créant un décalage complètement fou. J'ai eu de nombreux fous rires notamment autour du personnage d'Eric Judor. Par exemple, il y a un moment où le jardinier sort d'un bâtiment et découvre un homme en train de repeindre sa voiture. L'homme dit simplement : "Monsieur, j'ai pris l'initiative de peindre votre voiture en bleu", ce à quoi le jardinier répond que ce n'est pas nécessaire, sans s'énerver. Je trouve ce comique de situation absurde extrêmement efficace, et c'est quelque chose qu'on ne voit pas souvent dans le cinéma français. Cet humour hérité des ZAZ manque cruellement aux comédies de nos jours. Autre exemple purement génial : l'ambulancier qui décrit à Dolph la crise cardiaque de son jardinier : "Il a peut-être porté un truc lourd, comme un arbre par exemple". C'est très fin.

 

Nonfilm (2001)

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       J'ai terminé par Nonfilm, qui est paradoxalement le premier film de Quentin Dupieux. Ce film ne dure que 45 minutes (je n'ai pu voir que la version courte) et heureusement. Je dois l'admettre, même si de nombreux cinéphiles portent ce film aux nues, comme étant l'œuvre la plus radicale du cinéaste, je ne l'ai pas apprécié et j'ai même sauté certains passages interminables. Nonfilm porte bien son nom puisqu'il s'agit avant tout d'un concept plein de non-sens et de non-cinéma, mais je me suis fait chier comme un rat mort devant l'absence d'idées qu'il propose. Il suffit de 10 minutes pour s'approprier les codes de Nonfilm et, une fois le principe intégré par le spectateur, il est difficile de ne pas s'ennuyer devant la répétition du même gag pendant trois quarts d'heure. Malgré tout, Nonfilm est une proposition très originale qui posait déjà les bases du cinéma de Dupieux avec une identité absurde très forte et une destruction des codes habituels du cinéma. Cependant, le réalisateur fera bien mieux par la suite.

 

 

       Voilà, j'ai normalement vu l'intégralité de la filmographie de Quentin Dupieux (à part son dernier : "Fumer fait tousser", mais j'ignore où je peux le voir). Cet article sera donc suivi d'un top sur le cinéaste, dans lequel je vous encouragerai à découvrir l'univers du bonhomme si vous n'avez jamais franchi le pas.

 

 

Pour + de Quentin Dupieux :

 

 

 

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