Dans cet article, on va revenir sur une réalisatrice qui a été l'objet de toutes mes passions il y a 20 ans. Les débuts de Sofia Coppola sont marqués par une vraie patte de réalisation, grâce à laquelle elle a su trouver son style propre avec des thématiques assez rares au cinéma : la solitude, l'ennui, l'errance. Sa force est de parvenir à traiter de l'ennui à travers ses personnages sans forcément le transmettre à ses spectateurs, avec des atmosphères aériennes aux nuances mélancoliques qui ont pu inspirer des films comme Her.
L'autre grande qualité de la cinéaste est de toujours mettre ses personnages féminins au premier plan, chacun de ses films étant porté par des héroïnes qu'il est difficile d'oublier. C'est bien grâce à Coppola que je suis fou de Kirsten Dunst depuis plus de 20 ans, puisqu'elle lui a offert deux des plus grands rôles de sa carrière avec Virgin Suicides et Marie-Antoinette, exploitant à merveille les possibilités de jeu de l'actrice, notamment en tant que figure de dépression. Sofia Coppola a tendance à faire surgir le meilleur des actrices qu'elle dirige. Lorsqu'on parle de la réalisatrice, on pense évidemment à Scarlett Johansson, inoubliable dans Lost in translation. Ce n'est pas pour autant que les personnages masculins sont délaissés, par ailleurs, puisque des acteurs comme Bill Murray, Colin Farrell ou Jason Schwartzman peuvent aussi remercier la cinéaste pour leurs rôles marquants.
Comme la plupart des cinéphiles, je suis beaucoup moins convaincu par la deuxième moitié de la carrière de Sofia Coppola. Après ses trois chefs d'œuvre que sont Virgin Suicides, Lost in translation et Marie-Antoinette, on assiste à une baisse de qualité dès Somewhere et, depuis quelques années, j'ai l'affreuse impression qu'elle a fait le tour de ce qu'elle avait à dire ou à proposer. Son dernier film en date (Priscilla) ne m'a d'ailleurs fait aucun effet. Pire : je me suis terriblement ennuyé, chose que je ne pensais jamais ressentir de manière si forte devant un Coppola. Inutile, donc, de garder le suspense sur le podium de ce top 8, que nous entamons avec le film le plus poétique de sa filmographie.
1 - Lost in translation
Je n'ai pas hésité très longtemps avant d'attribuer cette première place. Même si je n'ai pas vu Lost in translation depuis de nombreuses années, il est resté imprimé dans ma tête avec ses ambiances magnifiques, un ton mélancolique prononcé, une poésie qui plane sur la quasi totalité des plans du film. Les personnages flirtent entre l'ennui et la déprime, mais le film est passionnant et feel good. Comment est-ce possible ? C'est la magie de Coppola, qui parvient au milieu de cette intrigue à placer des instants d'humour savoureux. Impossible, non plus, d'oublier les face-à-face entre Scarlett Johansson et Bill Murray, leurs regards, leurs silences, les rapprochements romantiques de leurs personnages, deux âmes perdues qui font de Lost in translation l'un des films les plus émouvants sur le sentiment amoureux et la solitude. Et puis, le film possède l'une des plus belles fins de l'Histoire du cinéma.
2 - Marie-Antoinette
J'ai vaguement hésité pour cette deuxième place, mais Kirsten Dunst m'a bien plus marqué dans le rôle de Marie-Antoinette, étrangement. Marie-Antoinette est presque parfait, même s'il fantasme la vie de la célèbre reine de France, le film rappelle que tout ceci n'a pas vocation à être un biopic, grâce à des anachronismes nombreux et particulièrement appréciables, que ce soit par les musiques comme certains accessoires. Marie-Antoinette est à la fois une vraie bombe dans l'univers du film historique puisqu'il en casse la plupart des codes, et un immense moment de douceur mélancolique. 15 ans après l'avoir vu, il me marque encore. L'article complet (j'espère qu'il n'est pas trop mal écrit, il date des débuts du blog...).
3 - Virgin Suicides
Je ne fais pas vraiment dans l'originalité avec ce trio de tête, puisque je pense que la majorité des spectateurs placeraient ces trois films sur le podium. Virgin Suicides fut également un grand moment de ma cinéphilie grâce à sa BO envoûtante signée Air, ses couleurs magnifiques et, évidemment, ses actrices fabuleuses. Lux Lisbon est l'un des personnages les plus énigmatiques de ces dernières décennies. Sofia Coppola, avec ce premier long-métrage, s'imposait déjà comme un immense talent. Par ici pour l'article que j'avais écrit à l'époque (sûrement pas exceptionnel).
4 - On the rocks
Ce film de Sofia Coppola est passé totalement inaperçu en 2020, sorti pendant la pandémie directement sur Apple TV+. J'ai mis presque un an avant d'apprendre son existence et, lorsque je l'ai enfin découvert, il m'a fait beaucoup de bien. Après quelques échecs (selon moi) de Coppola, j'ai eu l'impression de retrouver son talent, même si de nombreuses idées sont empruntées à ses premiers chefs d'œuvre et que la réalisatrice semble se répéter un peu au niveau des thèmes abordés. L'article complet.
5 - Somewhere
Même si je défendais Somewhere corps et âme à sa sortie, je dois admettre que le film a légèrement baissé dans mon estime avec le temps. Je pense qu'il mériterait un revisionnage de ma part. C'est à partir de ce film (le quatrième de la cinéaste) que j'ai commencé à me désintéresser du cinéma de Coppola. Pour la première fois, je me suis ennuyé devant plusieurs séquences (j'ai notamment souvenir de la scène d'intro, interminable), même si l'alchimie entre Elle Fanning et Stephen Dorff donne le sourire, et qu'une jolie poésie parcourt évidemment le film. L'article.
6 - Les proies
Je n'ai pas tellement compris ce que Sofia Coppola avait cherché à faire avec Les proies, film un peu trop long pour ce qu'il doit raconter, même si les relations entre les personnages sont tout à fait fascinantes et que certains plans sont sublimes. Cependant, ce n'est pas un film majeur dans sa filmographie. Article complet.
7 - The bling ring
Film sur la superficialité qui est, malheureusement, tout aussi superficiel que les personnages qu'il propose. Sofia Coppola s'est un peu perdue et j'ai été très déçu par The bling ring qui ne ressemble pas aux autres films de Coppola sur la forme. Trop d'éclairage, trop éclatant, à l'image de son titre. Je préfère largement les atmosphères douces et tamisées de Sofia Coppola. Je n'ai même pas fait d'article sur ce film à l'époque, tant je l'ai trouvé quelconque...
8 - Priscilla
Le dernier film de Sofia Coppola est, également, son plus raté. Je vantais pourtant un peu plus haut l'intelligence de la réalisatrice de ne pas avoir proposé de véritable biopic sur Marie-Antoinette... elle a fait tout le contraire ici avec un film très académique, sans relief, totalement oubliable. Article.
Voilà tout pour Sofia Coppola qui, même si elle semble perdue depuis quelques années, a contribué à faire du cinéma ma passion. Je pense que je continuerai de découvrir ses films pour suivre son évolution, même si je dois l'admettre : je n'ai presque plus d'espoir. Plus le temps passe, et plus je désespère de retrouver la cinéaste au top de son talent.
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