Gaspar Noé - Top 8

      Cette semaine, on aborde un autre de mes réalisateurs chouchous avec Gaspar Noé, cinéaste au style provocateur très prononcé qui ne peut pas plaire à tout le monde...

      Ma première expérience avec le cinéma de Noé date de fin 2010, et je m'en souviens comme si c'était hier. Malgré sa durée, j'avais décidé sur un coup de tête de lancer Enter the void vers 1h du matin car je sentais que l'ambiance était propice. 2h40 plus tard, je suis sorti du film complètement sonné et abasourdi. Le comportement inhabituel de la caméra (quasiment aléatoire, comme un moustique qui suit la lumière) m'a fasciné dès les premières minutes et m'a happé dans l'une des aventures cinématographiques les plus inoubliables de ma vie. Je n'ai jamais revu Enter the Void et, pourtant, il figure toujours dans mon top 5 depuis plus de 13 ans. 

     Le reste de sa filmographie m'a épaté, émerveillé, choqué, passionné. Que ce soient ses effets stroboscopiques et épileptiques, ses citations balancées sans raison via des cartons en milieu de films ou de scènes, ou encore son goût pour une certaine escalade de la violence qui raconte souvent des choses fortes, tout m'attire chez Gaspar Noé même si, généralement, ses films font peur. Ils font peur parce qu'on ne sait jamais à quoi s'attendre ni quelle direction vont prendre les vies des personnages. Les situations peuvent aller extrêmement loin et les films de Noé ne sont évidemment pas à mettre entre toutes les mains. Il est clair qu'on est à l'opposé du cinéma familial et feel good... Dans toutes ses oeuvres, un pessimisme profond se dégage et contamine le spectateur, provoquant parfois un effet dévastateur sur le moral. Il n'est pas rare de voir le public sortir des salles de cinéma avant la fin... et c'est bien normal !

     J'ai donc mis beaucoup de temps à voir l'ensemble de la filmographie de Gaspar Noé ; je ne sais pas encore si c'est à cause de cette peur ou d'une envie de faire durer le plaisir, d'y aller doucement. C'est sans doute un mélange des deux car, de toutes façons, il faut prendre le temps de se remettre d'un Irréversible ou d'un Climax avant d'enchaîner un autre film du cinéaste. Je me verrais difficilement faire un "marathon Gaspar Noé" sans perdre la boule. Ce matin, j'en ai enfin fini avec sa filmographie en découvrant Lux Æterna, j'en profite donc pour dresser un petit top de ses films.

1 - Enter the void

       Ma première expérience avec Noé reste la plus forte, car ma surprise fut immense et déstabilisante. Ce fut un choc, tout simplement. Une expérience hors normes, hors du corps, hors du temps, hors de toute narration classique, hors du commun. Un chef d'œuvre sur l'après-mort et le bad trip. Voir ici ma réaction de l'époque.

2 - Irréversible

       Film choc, très violent et provocateur, controversé, mais aussi très malin. Irréversible porte bien son nom : lorsqu'on l'a vu, on ne peut plus revenir en arrière pour l'oublier. Deux scènes, notamment, resteront gravées à tout jamais dans ma mémoire avec une musique de Thomas Bangalter obsédante et flippante. La violence n'est pas gratuite, puisque justifiée par un montage qui nous en dévoile les origines, à rebours. Difficile à voir, impossible à revoir. Ma critique de l'époque.

3 - Climax

       J'ai également peur de revoir Climax, non parce que je crains d'être déçu, mais parce que je sais à quoi m'attendre en le revoyant... C'est sans doute le film le plus insoutenable de Gaspar Noé, on y retrouve tous ses gimmicks de réalisation dans un déchaînement de violence visuelle et psychologique qui nous prend en otage durant 1h30. L'expérience de cinéma la plus éprouvante de toute ma vie. J'ai parlé de Climax dans cet article.

4 - Lux Æterna

       Ce moyen-métrage de 50 minutes reprend quelques idées de réalisation de Climax (mais infiniment plus soft) : c'est un huis clos dans lequel les personnages arpentent un labyrinthe de couloirs colorés (la caméra les suit souvent de dos), dans un bordel en partie improvisé qui m'a fasciné. Le film montre un tournage de film éprouvant et catastrophique, dans lequel tout se passe mal. Même lorsqu'on est habitués à la Loi de Murphy de Gaspar Noé (tout ce qui peut mal tourner, tournera mal), Lux Æterna est génial à suivre puisqu'on sombre dans une situation de plus en plus désagréable, pour aboutir à une longue conclusion épileptique absolument magnifique. Les actrices (Béatrice Dalle et Charlotte Gainsbourg) y sont parfaites.

5 - Vortex

       Premier film de cette liste que je ne qualifierais pas de chef d'œuvre, Vortex est tout de même une proposition radicale qui ne laisse pas indifférent. On peut le comparer à Amour (de Haneke, que j'ai détesté) sur l'idée de voir dépérir deux personnes âgées, mais il est autrement plus passionnant sur la forme. L'idée du split-screen est originale et parfaitement utilisée. L'article. 

6 - Seul contre tous

       Le premier long-métrage de Noé est aussi le plus gênant à voir pour moi. Philippe Nahon est exceptionnel dans le rôle, mais l'ensemble est terriblement malsain et glauque. Un film fort et marquant, donc, mais un peu trop "dégueulasse" pour moi ; j'y trouve assez peu d'intérêt et le film me semble totalement vain et gratuit. 

7 - Carne

       Même commentaire que pour le film précédent, puisque Carne est un avant-goût de Seul contre tous sur une durée de 37 minutes. Ceci dit, j'ai beaucoup aimé la manière avec laquelle l'histoire nous est présentée avec un décompte des années dans un rythme sonore perturbant.

8 - Love

       A ce jour, Love est le film de Gaspar Noé que j'ai le moins aimé. Selon moi, le cinéaste a totalement raté son sujet car le film est totalement dénué d'amour ; on n'y trouve que du sexe désincarné et sans âme. Restent tout de même les gimmicks de réalisation de Noé qui font plaisir, mais le scénario et l'écriture des personnages sont des belles plantades. L'article complet.

      Voilà tout pour ce réalisateur français et fier de l'être, dont je suis fan et fier de l'être. J'ai hâte de découvrir son prochain projet sur grand écran car, à mon grand regret, je n'ai vu aucun film de Gaspar Noé au cinéma.

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