Ne vous faites pas arnaquer comme moi : Ishana n'a de Shyamalan que le nom. Les guetteurs (The watchers) est une catastrophe à tous les niveaux, je vous déconseille de payer une place pour ce maigre spectacle qui enchaîne les incohérences et multiplie les clichés.
J'avais pourtant un mince espoir : celui de voir la fille de mon réalisateur chouchou se faire une place avec un univers marqué, pourquoi pas différent de celui de son père. Résultat : c'est un échec total et Ishana Shyamalan ne fait que proposer une (très) pâle redite de The Village et Knock at the cabin. Ça n'en atteint jamais la cheville en terme d'ampleur et de subtilité, c'est même souvent complètement con.
Cet article va spoiler le film, je n'ai aucune envie de vous faire croire que ce scénario ait une once d'intérêt. Si j'avais passé la séance à noter tout ce qui ne va pas dans Les guetteurs, j'aurais probablement rempli une page entière de commentaires. Ce qui m'agace le plus, lorsque des cinéastes tentent de créer un nouvel univers, ce sont les incohérences grossières qui sont autant d'erreurs de débutants. A titre d'exemple, le personnage principal apprend assez vite que les panneaux "Point de non-retour" sont tous placés à une demi-journée de marche de la Cage, sauf que le premier qu'elle a rencontré en début de film était situé littéralement à 200 mètres du bâtiment... On peut aussi citer la scène du tapis : je n'avais pas vu d'idée aussi stupide depuis plusieurs années dans un film d'horreur. Des exemples similaires pleuvent pendant 1h40 et ça crée un vrai sentiment de film inachevé, comme si on assistait à une ébauche de scénario qui n'aurait jamais été relue.
Ishana Shyamalan enchaîne les clichés et les effets forcés qui ne font plus angoisser personne depuis plus de 20 ans. Rajouter des bruits stridents dès qu'un oiseau ou une blatte entre dans le champ de la caméra, c'est franchement d'une connerie primaire irritante. Les guetteurs est raté en permanence d'un point de vue de l'angoisse, même cette idée de vitre sans tain n'est pas du tout exploitée. Il y a, parfois, un vague sursaut d'idée, comme lors de la scène des applaudissements, mais j'aurais largement assez d'une seule main pour compter le nombre de scènes réussies ou saisissantes dans ce film. Je n'ai fait que soupirer devant tant de bêtise, rien ne marche, le suspense est inefficace, tout est complètement téléphoné ou ridicule à l'écran, je me demande même comment Dakota Fanning s'est retrouvée à jouer dans cette production qui semble avoir été écrite à la va-vite sur le bord d'une nappe. Elle n'est pas aidée par le casting, confondant d'incompétence : entre une Olwen Fouéré (Madeline) qui peine à être crédible tant elle semble déguisée pour le carnaval, et un Oliver Finnegan à qui on pourrait décerner un prix de pire acteur qu'il remporterait haut-la-main (toutes les scènes où il apparait sont catastrophiques, j'en étais même gêné tellement c'était mauvais). Les dialogues sont merdiques, le scénario est bancal et semble parfois improvisé (le pseudo "twist" est affreusement nul à chier), le côté mystérieux de ces Watchers et de la forêt n'est jamais mis en valeur.
Franchement, je me suis fait chier comme rarement et je n'ai pas compté le nombre de fois que j'ai levé les yeux au ciel ou soufflé d'exaspération devant le manque d'originalité et les facilités de cette horreur de film. Les guetteurs ne raconte rien (j'ai cru à un moment faire le parallèle entre les créatures et l'intelligence artificielle, puisque celles-ci tentent d'imiter les humains et se perfectionnent très vite, mais ce n'est sans doute qu'une coïncidence). Et lorsqu'il tente de raconter quelque chose, c'est bateau et sans intérêt. On ne sait même pas comment le professeur a eu connaissance de ce lieu, ni pourquoi Mina se retrouve à devoir livrer un oiseau au milieu de cette forêt : tout n'est que prétexte pour suivre un scénario cousu de fil blanc, jusqu'à un dernier acte d'une médiocrité abyssale.
Qui plus est, Ishana Shyamalan ne fait que reprendre les vieux tics de son père en espérant créer des atmosphères (notamment la présence très importante d'écrans interposés pour fournir des révélations), mais la réalisatrice échoue même dans la mise en scène qui ne veut rien dire et n'a aucun sens. On a l'impression que la cinéaste fait joujou avec la caméra sans volonté de placer une idée derrière. Les mouvements de caméra n'apportent absolument rien d'intéressant et sont de la poudre aux yeux, on se demande même si la caméra ne bouge pas uniquement pour éviter qu'on s'endorme, parce qu'il faut être sacrément endurant pour terminer ce film sans piquer du nez.
Bref, n'allez pas voir ce film bourré de défauts et dénué d'âme. N'est pas M. Night Shyamalan qui veut, je dirais même qu'on en est pratiquement à l'opposé. Faites-moi donc le plaisir de passer votre chemin : le film ne mérite pas qu'on se déplace dans les salles pour lui. Un fiasco.
Pour du vrai Shyamalan :