Certes née de sa première collaboration avec
Shyamalan, cette
BOF est à mon goût l'une des moins réussies des six, bien que magnifique. Même s'il permet d’installer avec brio et réussite l’angoisse, le mystère et le suspense, il faut avouer que seules deux ou trois chansons de l’album sont à retenir. Mais alors, quelles musiques ! Même lorsqu’on est hors du film, ces mélodies sont frissonnantes et terrifiantes.
Il faut retenir les musiques
Hanging Ghost (à partir de
1:11, c’est la musique caractéristique du film très facile à reconnaître), qui nous met dans une ambiance profondément mélancolique et angoissante. C'est pour moi l'une des plus grandes musiques de films à suspense jamais créée. L'ambiance imposée est juste parfaite, à mi-chemin entre l'angoisse et le mystérieux, thèmes très récurrents dans
Sixième Sens. De plus, il n'est pas rare que la musique remplace les paroles, ce qui est une caractéristique du cinéma de
Shyamalan que j'admire particulièrement.
Malcolm Story/Cole Secret permet également une bonne complémentarité avec les images. Elle nous offre à
1:01 un passage unique et sublime. Rien que de l'écouter, j'en frissonne. Après avoir vu ce film 3 ou 4 fois, on ne peut pas rester insensible en écoutant ce chef d'oeuvre, qui n'est pas sans rappeler toute l'atmosphère présente dans l'intrigue.
Run to the Church est aussi une belle musique, mais elle colle un peu moins à l’ambiance du film à mon goût.
Passons à présent au deuxième film de duo
Shyamalan/Howard, à savoir le chef d’oeuvre
Incassable.
Ce film d’une beauté incroyable est d’un calme ahurissant. Il est jouissif de regarder un film qui soit à la fois très lent et très passionnant. Là n’est pas le sujet de cet article, mais si ce film fait frissonner, c’est bien parce qu’il dispose d’une des plus belles BOF jamais composées. Elle pose le film dans une ambiance totalement à part et on en oublie presque qu’on est assis dans son fauteuil tant ça prend aux tripes. La BO de ce film est à mon goût la plus grande réussite de
James Newton Howard. Elle possède un passage musical récurrent mais servi différemment selon les contextes. Parfois, elle nous repose et donne au film un aspect calme et doux, parfois elle monte en puissance en s’accordant parfaitement aux scènes et nous offre une multitude de frissons, accentuant le drame et le tragique. En clair, la musique est diablement bien utilisée. Ce qui n'était pas vraiment le cas de
Sixième Sens, qui ne contenait pratiquement qu'un seul véritable thème. On a donc une belle évolution de la part de
James Newton Howard qui laisse sans voix.
Il faut d’abord retenir le thème principal
d'Incassable. Utilisé à plusieurs sauces, il est d'une somptuosité ! Pratiquement impossible à décrire. Il apparaît généralement lorsque le personnage principal,
David, accomplit quelque chose d'assez impressionnant, tout en restant constamment dans la recherche de sa propre identité. Elle a des airs d'héroïsme sans pour autant tomber dans le cliché des musiques de ce style. On la retrouve dans
End Credits et
The Orange Man (à
1:04 on reconnait la musique sublime de la fin du film), d’une beauté telle qu'une énorme boule s'installe dans notre petite gorgeounette. Elle apparaît également dans
Weithlifting, une scène totalement géniale où
David soulève des poids de plus en plus gros sous les yeux incrédules de son fils.
L
'une des musiques les plus vibrantes de cette BOF est également celle qui accompagne la scène des visions, qu’on peut écouter, comme son nom l’indique, sur la piste
Visions. Un morceau très rythmé qui convient de façon parfaite à la scène pendant laquelle
David se place au milieu de la foule et comprend avec effroi l'ampleur de ses capacités. Scène qui donne d'ailleurs lieu à des sacrés mouvements de caméra qui relèvent de l'ordre du génie pur.
Passons maintenant à
Signes. Le film est encore un coup de maître tant par le scénario que par les acteurs, les mouvements de caméra et le dénouement. Et la musique fait toujours effet, mais un peu moins. Je devrais préciser : "
un peu moins pour ma part". Car j'ai souvent du mal à apprécier les films traitant d'une hypothétique invasion extraterrestre, et encore moins leurs musiques. Pourtant, elles ont quand même leur charme dans ce film, et pas qu'un peu.
Je ne parlerai que la musique
Main Titles, bien qu'il faille également découvrir les autres musiques du film. Ce thème principal ouvre le film de façon terriblement astucieuse en annonçant directement la couleur : ça va être angoissant. Le générique du début apparaît sur cette musique, terriblement tendue voire terrifiante. Composée de petits pics de seulement 3 notes, c'est encore un coup de maître de
James Newton Howard qui parvient à nous mettre dans l'ambiance à partir de ces 3 notes récurrentes.
Mais parlons un peu du quatrième film,
The Village.
Encore une fois, sublime musique (
fichtre, vous aussi vous avez l’impression que je me répète ?) qui fait une des grandes forces du film. Une musique plus “
violonneuse”, qui fait appel à plus de mélancolie et de tristesse. La violoniste en question s’appelle
Hilary Hahn et elle fut un sacré bon choix, preuve en est son apparition au générique final, fait plutôt rare au cinéma. Même si le suspense et la terreur règnent aussi dans ce film, cette BO s’éloigne complètement de celle de
Signes avec des musiques plus gentilles, plus douces mais qui correspondent tout autant à l’univers du réalisateur.
Les thèmes
Noah Visits mais surtout
The Gravel Road sont époustouflants et géniaux. Du piano, du violon, du grand art. Emouvante, poignante, cette BOF n’est pas sans rappeler l’histoire d’amour qui se trame dans le film, avec des musiques à la fois romantiques et mélancoliques, voire dramatiques. On retient surtout la scène pendant laquelle
Evy tend la main en dehors de la maison et que
Lucius la prend pour entrer au dernier moment, dans un ralenti des plus magiques.
Continuons notre chemin avec
La Jeune Fille de l’Eau.
Ce film étant scénaristiquement assez différent des précédents films de
Shyamalan, on aurait pu croire à une différence de registre au niveau de la musique, et donc à une déception. Que nenni ! Une cinquième fois,
J.N. Howard nous sert une musique qui colle à la perfection aux scènes, qui sait être calme comme puissamment magistrale dans les grandes scènes d’émotion. Cette BOF est plus lyrique, encore plus douce et mélancolique que pour
The Village. A écouter, c’est un pur plaisir.
Prologue est une belle pièce de l’album, thème principal qui caractérise totalement l'atmosphère du film et le mystère qu'il induit. Magique. De même pour
Cereal Boxes, qui intervient lorsque l'enfant tente de "décrypter" une boite de céréales. Mais c’est la piste
The Great Eatlon qui est la plus merveilleuse, nous emplissant d’émotion en clôturant le film sur une scène des plus superbes, atteignant un sommet d'intensité comme on en voit rarement. Vraiment somptueuse à partir de
1:40. Pour conclure, ce mélange de voix et de lyrisme est d’une beauté renversante (je vous conseille néanmoins de voir le film en même temps si ce n’est pas encore fait).
Pour finir en beauté, parlons du tout dernier bébé de
M. Night Shyamalan, à savoir
Phénomènes.
Voilà un film qui insiste lui aussi sur les liens entre les personnages, profonds et réfléchis.
James Newton Howard reprend les mêmes éléments : une musique frissonnante, angoissante, qui retranscrit parfaitement les scènes. Le thème récurrent du film nous est présenté dès la première scène sur un fond de nuages, ce qui nous place directement dans l'ambiance du film en nous rappelant un peu l'intro de
Signes. On l’entend ensuite pendant pratiquement le reste de la séance. Mais elle est tellement unique en son genre qu’on ne peut pas s’en lasser. Mystérieuse, menaçante, elle mêle beaucoup de sombreté avec une sensation étrange de danger très calme. Presque malsain et déprimant. Moins de lyrisme, donc, mais plus de peur. Loin, très loin des musiques habituelles que nous sert
Hollywood à longueur de temps, cette musique n’a pas pour but d’impressionner ni de créer du grand spectacle, et c’est là qu’on voit que le cinéaste et le compositeur ont tout compris.
Les musiques rappellent un peu les musiques de
Signes ou même de
Sixième Sens, d’ailleurs on peut faire les mêmes remarques pour le film en lui-même. Les pistes
Be With You et
Main Theme sont bouleversantes. Des musiques beaucoup plus sombres, à l'opposé des grandes musiques lumineuses et éclatantes de
La Jeune Fille de l'Eau ou
The Village. On sombre même dans le quasi-glauque avec le thème de la vieille dame, accentuant ainsi l'aspect terrifiant d'une des scènes finales.
J’arrête ici ce petit article, peu exhaustif mais qui traduit suffisamment ma passion pour le cinéma de
M. Night Shyamalan et les musiques incroyables qui donnent toute l’ambiance des films.
A noter que c'est également
James Newton Howard qui est aux commandes des musiques du
Dernier Maître de l'Air, le nouveau film du maître de la caméra, qui sortira ce mercredi.