Pourtant ça démarrait franchement bien, notamment avec le personnage de
Keira
Knightley plutôt crédible (même si elle a un surjeu parfois agaçant). Les premières scènes entre Sabina et le docteur Jung (joué par
Michael
Fassbender) sont savoureuses et ont concentré toute mon attention dès le départ, surtout juste après le générique brillamment accompagné d'une musique angoissante.
Malheureusement, les qualités du film, pour moi, s'arrêteront là. Très rapidement,
Cronenberg use et abuse d'ellipses pour n'effleurer que
succintement divers aspects de la vie des trois protagonistes. Au bout d'une heure, l'ennui s'est fait sentir et j'ai compris que le film ne prendrait jamais son envol. Aucune puissance ne se
dégage du film, qu'elle soit dans l'émotion comme dans le dialogue.

Et c'est au bout d'1h30 que le film se conclut avec l'habituel
"
plus tard, machin quitta sa femme et mourut en 1961. Truc continua à suivre son parcours et deviendra bla bla bla". Et lorsque la fin du film est
arrivée, j'étais sur le cul. Il se termine pratiquement sans queue ni tête, avec pratiquement aucun intérêt. Je me suis juste dit "
euh... tout ça pour rien, en
fait ?". Bon, "rien", peut-être pas, mais pas grand chose en tout cas. Le film a peiné pour me passionner, notamment parce qu'il ne creuse absolument rien. Les personnages sont tout
juste survolés et leurs relations très peu développées.
A Dangerous Method se contente d'un blabla constant entre les personnages, des
discussions sans saveur et parfois même incompréhensibles pour quelqu'un n'ayant que peu de connaissances en philosophie. En allant voir ce film, je m'attendais à en ressortir moins con. Je
pensais apprendre des tas de choses, j'espérais que les théories de Jung et de Freud seraient mieux expliquées, ainsi que les raisons de leurs différends. A la place de ça, on a des échanges
verbaux et épistolaires franchement peu palpitants et une relation "amoureuse" qui ne mène à rien. Les éléments intéressants du film (comme la différence sociale entre Jung et Freud) sont à peine
abordés, et éclipsés par des dialogues parfois intéressants mais souvent fades et sans âme (j'entends par là que même les acteurs ne semblent pas impliqués ni intéressés par cette histoire).

Et s'il n'y avait que le fond, ça
ne dérangerait pas tellement. Le problème, c'est que la forme m'a également déçu. La réalisation de
Cronenberg est relativement peu inspirée,
excepté deux ou trois plans et jamais le cinéaste n'ose prendre de risques pour montrer les choses (aspect avec lequel il n'a pourtant pas de mal d'habitude). Le pire (et c'est là que réside le
gros problème du film je trouve) c'est que les plans s'enchaînent avec monotonie et sans aucun rythme. Même si les décors sont particulièrement bons, le ton et les couleurs du film sont toujours
les mêmes, et les acteurs ont à peine l'occasion d'exprimer tout leur talent (à part
Keira Knightley qui, elle, a droit à un personnage
excessif). Le personnage de
Vincent Cassel aurait pu relancer le film, mais il disparaît aussi vite qu'il est arrivé. Pour moi, même si
David Cronenberg montre qu'il sait prendre des risques en abordant un tel sujet, il ne montre que ça, car il s'est à mon goût complètement
perdu avec ce film et il est clair qu'on est très très loin d'un
A History of Violence. Pour résumer, le film a un casting très fort mais
rarement utilisé (
Viggo Mortensen se contente de marmonner quelques théories de psychanalyse derrière son cigare), et une réalisation
fade, monotone, sans surprises. On a l'impression que la musique n'est là que parce qu'il en faut, car elle est très secondaire et ne m'a jamais aidé à m'accrocher au film ni à ressentir la
moindre chose à l'égard des personnages.
Résultat, je me suis trainé 1h30 de blabla pour me dire à la fin "
voilà, c'est fini, et le film aurait pu se terminer à n'importe quel autre moment : ça aurait donné la même chose". Pour moi, il ne restera absolument pas dans
les mémoires et sera rapidement oublié, car c'est typiquement le genre de cinéma qu'on oublie très vite : classique, un poil ennuyeux, et très mou (aucune montée en puissance). Je signale que
j'ai fait cette critique à chaud car j'ai bien peur d'avoir oublié les 3/4 du film en me réveillant demain, pour ne garder à l'esprit que les 25 premières minutes plutôt réussies.