
Encore une fois, je ne sais absolument pas si le film est une bonne adaptation car je n'ai pas lu le livre de
Ian McEwan. Mais c'est une merveille. Le film passe vite, extrêmement vite. Bien plus que
Orgueil et Préjugés qui pourtant dure moins longtemps. Il se divise clairement en trois parties. Les 50 premières minutes nous racontent une unique journée dans la vie de nos personnages, celle qui a déclenché tout le reste. Alors qu'au début, je me demandais si l'intrigue allait avoir un autre intéret que la petite histoire d'amour classique et compliquée, j'ai rapidement eu ma réponse. Tout le début du film est là pour nous présenter un peu les personnages, mais surtout pour lancer la trame, avec une puissance dramatique et émotionnelle qui va rester constante pendant tout ce qui reste des deux heures, jusqu'à la toute fin où elle atteint un sommet.
Keira Knightley et
Saoirse Ronan sont les deux personnages principaux de cette première partie. Elles jouent les rôles de deux soeurs,
Cecilia et
Briony Tallis. Lors de cette chaude journée de canicule, la petite
Briony, qui a 13 ans, assiste successivement à plusieurs scènes qu'elle ne comprend pas, mais qui la poussent à commettre une terrible erreur qu'elle ne pourra jamais oublier, transformant alors cette journée en tragédie qui va changer radicalement les vies de tout le monde. Par deux ou trois fois, le réalisateur utilise un procédé que j'adore particulièrement : le fait de montrer une même scène sous deux points de vue différents. Le premier point de vue pour nous indiquer comment la petite fille interprète ce qu'elle voit, et le deuxième pour nous expliquer ce qu'il se passe réellement. Un habile principe qui a vraiment son importance, pour souligner la crédibilité de la décision de la gamine.
Keira Knightley joue un rôle très différent de d'habitude dans cette première partie. Très peu souriante, elle apparaît ici froide, presque sévère. Un rôle tellement changeant qu'il en est troublant, mais dans lequel elle se démène extrêmement bien, car son personnage reste crédible d'un bout à l'autre. Elle n'en fait jamais trop, elle est juste et pleine de talent là où on ne l'attend pas.
Saoirse Ronan a également son mot à dire en terme de jeu d'actrice, puisque du haut de ses 13 ans elle est vraiment étonnante dans un rôle pas forcément évident à jouer. Cependant, elle ne m'a pas non plus époustouflé.

Non, pour moi l'atout de ce film est indiscutablement
James McAvoy, que je ne connaissais pas et qui m'a épaté. C'est lui qui porte le deuxième tiers du film sur ses épaules, et magistralement. Il est poignant même dans des scènes sans profondeur émotionnelle particulière, vraiment émouvant. Sûrement est-ce le côté "victime" de son personnage qui lui apporte cette sensibilité et cette tristesse, mais il est évident que le jeu de l'acteur aussi y fait beaucoup. Durant la partie du film qui lui est le plus consacrée (et c'est d'ailleurs la meilleure partie du film à mon goût), on suit son personnage,
Robbie Turner, pendant le début de la guerre en 39-40 en France. Il est en effet dans l'armée anglaise aux côtés des français et se dirige vers les côtes pour repartir chez lui et enfin retrouver celle qu'il aime, après 3 ou 4 ans sans l'avoir vu (ou presque). "Ou presque", car effectivement il a quand même eu la possibilité de la voir 3 ans et demi après son départ, pendant quelques minutes. Cette scène nous est montrée et c'est là que, je trouve, l'acteur fait fort (voir la photo). Il est tellement touchant que j'en étais ému, alors qu'on apprend tout juste à le connaître.

A part ça, cette partie du film dépeint un peu la guerre en France, mais sans tomber dans les clichés habituels. On n'a aucun combat, un peu de dramatisation sans pour autant insister dessus. La guerre est ici vue comme terrible, avec beaucoup de dégâts et de drames qui vont avec, mais la caméra ne fait presque que passer sur les victimes sans trop s'y attarder. La plus belle scène du film est, pour moi, un sublime plan-séquence de plus de 5 minutes, au moment où
Robbie et ses deux partenaires débarquent sur la plage où ils vont enfin pouvoir être rapatriés. La caméra nous offre des plans sublimes (photo), pendant que
Robbie marche au milieu des soldats qui se chamaillent ou chantent. Le tout accompagné d'une photographie absolument délicieuse et d'une musique des plus belles et dramatiques. Quelle scène ! Une des plus belles qu'il m'aient été donné de voir récemment, et je pèse mes mots.
Vous pouvez la revoir ici. A part ceci, cette partie du film nous offre de multiples flashbacks intéressants qui empêchent au film de s'essouffler, ainsi que des scènes géniales dont je ne peux pas parler sous peine de trop en dire.

Le réalisateur porte un regard plus lourd (dans le bon sens du terme) sur la guerre et ses victimes dans la dernière partie du film, où on retrouve
Briony 5 ans après le fameux drame (jouée par
Romola Garai elle aussi très touchante en jeune femme de 18 ans fragile et rongée par le remords). Elle est maintenant infirmière et s'occupe de soigner les blessés de la guerre qui reviennent de Dunkerque. Elle n'a pas revu sa soeur
Cecilia depuis tout ce temps, car cette dernière lui en veut autant qu'elle s'en veut elle-même. Je ne peux pas raconter la suite dans les détails car je risque de spoiler, mais toute cette fin du film est parfaitement soignée, bien foutue, à la fois dramatique et malsaine concernant le "mariage" (ceux et celles qui ont vu le film comprendront), mais également forte en émotion et en finesse à la toute fin où le réalisateur fait une mise en abîme intelligente entre son propre film et l'autobiographie écrite par
Briony (
Vanessa Redgrave est géniale), avec ces dernières phrases qui sonnent à la fois comme une révélation intense et comme l'apogée de la tension dramatique du film. Je répète beaucoup le mot "drame" dans cet article mais c'est exactement ce qu'est
Atonement, qui enchaîne drames sur drames jusqu'à la fin qui tirera même une larme aux plus sensibles (ça n'a pas été mon cas mais ça le sera peut-être une prochaine fois (je suis toujours 10 fois plus sensible à un film la deuxième fois que je le vois)).
Quoiqu'il en soit, je suis ravi d'avoir découvert ce film servi par des acteurs incroyables, une réalisation impeccable, mais surtout une atmosphère (oui, allez, je le dis encore une fois !) dramatique et efficace. Un film à voir absolument, bien meilleur que
Orgueil et Préjugés, et qui mérite amplement les récompenses qu'il a obtenu :
Oscar de la meilleure musique de film pour
Dario Marianelli,
Golden Globe Award du meilleur film dramatique, ainsi que de nombreuses nominations pour trois acteurs, la réalisation, la photographie, le scénario et les musiques (très sympas les compositions faites à partir de bruits de machine à écrire). Un superbe film duquel j'attendais extrêmement moins, et donc une excellente surprise qui commence bien l'année. Bien évidemment, il n'est pas nécessaire de préciser que ce film est à avoir en VO, sous peine d'être (peut-être) beaucoup moins emballé.